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  • Les belles choses que porte le ciel (D. MENGESTU)

    Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

    Le hasard a voulu qu'à mon retour d'Afrique la sélection du mois de ELLE ait justement ce thème pour deux livres sur trois ! C'est ainsi que j'ai découvert le premier roman de Dinaw MENGESTU, Éthiopien émigré aux États-Unis.

    Les_belles_choses_que_portent_le_ciel

    "Le jeune Sépha a quitté l’Éthiopie dans des circonstances dramatiques. Des années plus tard, dans la banlieue de Washington où il tient une petite épicerie, il tente tant bien que mal de se reconstruire, partageant avec ses deux amis, Africains comme lui, une nostalgie teintée d’amertume qui leur tient lieu d’univers et de repères. Mais l’arrivée dans le quartier d’une jeune femme blanche et de sa petite fille métisse va bouleverser cet équilibre précaire… "

    Ce roman est d'une grande douceur à la lecture. Le terme peut surprendre mais c'est néanmoins le mot qui s'impose. N'allez pas pour autant imaginer que tout y est joie et bonheur, c'est exactement le contraire. Simplement, la manière de le raconter, la petite musique de MENGESTU est empreinte de mélancolie, de résignation et de langueur. Le personnage de Stépha est d'une grande lucidité sur lui même, sur la condition des déracinés comme lui et sur le monde qui change.

    Épicier dans Logan Circle, un quartier autrefois misérable mais qui connaît depuis quelques temps une réhabilitation et une inflation immobilière, Stepha voit passer les gens et les choses, ne pouvant se résoudre à entrer dans la ronde et préférant en rester spectateur. Flanqué de deux amis, africains comme lui, chacun incarne un aspect du déracinement et de la volonté d'intégration. Le constat est amer, pessimiste, il est cependant plein d'humanité.

    Ainsi ce passage où Stepha esquisse son autoportrait :

    Lorsque mon oncle Berhane m'avait demandé pourquoi j'avais choisi d'ouvrir une petite épicerie dans un quartier noir pauvre alors que rien dans ma vie ne m'avait préparé à ce genre de chose, je ne lui avais jamais dit que c'était parce que tout ce que j'attendais de la vie maintenant, c'était de pouvoir lire tranquillement, seul, le plus longtemps possible dans la journée. Je l'avais quitté, lui et son modeste appartement de trois pièces en banlieue, pour emménager à Logan Circle, une décision qu'il n'a toujours pas comprise et qu'il ne m'a toujours pas pardonnée, quoi qu'il en dise. Il nourrissait les plus grandes ambitions pour moi, lorsque j'étais arrivé d'Ethiopie. "Tu verras, me disait-il toujours de sa voix douce et éloquente, tu seras ingénieur, ou bien médecin. J'aimerais tellement que ton père soit toujours vivant pour voir ça." Les larmes lui montaient parfois aux yeux quand il parlait de l'avenir, qui, il le croyait, ne pouvait qu'être plein de choses meilleures et plus belles. Cela dit, à Logan Circle, je n'avais pas à être quelqu'un de plus grand que ce que j'étais déjà. J'étais pauvre, noir, et portais l'anonymat qui allait avec ça comme un bouclier contre toutes les premières ambitions de l'immigrant, qui m'avaient depuis longtemps déserté, si tant est que je les aie un jour ressenties. De fait, je n'étais pas venu en Amérique pour trouver une vie meilleur. J'étais arrivé en courant et en hurlant, avec les fantômes d'une ancienne vie fermement attachée à mon dos. Mon objectif, depuis lors, avait toujours été simple : durer, sans être remarqué, jour après jour, et ne plus faire de mal à qui que ce soit.

    Dinaw MENGESTU, Les belles choses que porte le ciel, 2007.

    "Un homme coincé entre deux mondes vit et meurt seul. Ça fait assez longtemps que je vis ainsi en suspension."

    D. MENGESTU

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  • Voyage, voyage...

    Imprimer Catégories : Blowing in the wind

    Eh oui, je pars encore, pour quelques jours. Cett fois, ce sera...

    Si je vous dis Freddy Mercury et Cédric Klapisch...

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  • Rôti de dinde au chou

    Imprimer Catégories : Viandes

    D'accord, d'accord, pas très pascal, ce que je vous propose... Mais d'abord, est-ce ma faute si j'ai oublié de photographier la fabuleuse épaule d'agneau presque confite de samedi ? ou le gigot de dimanche ? Et puis, quand je me tourne vers la fenêtre ce matin, que vois-je ? La même chose qu'hier, à savoir la neige qui tombe ponctuellement mais régulièrement. Donc plat d'hiver !

    Et justement, dans le dernier panier des Bios de Feuilly, il y avait... un chou ! J'imagine que je ne suis pas la seule à avoir pensé in petto "pourvu que ce soit le dernier". Parce que les légumes d'hiver, c'est comme les vêtements d'hiver : ce n'est pas qu'on ne les aime pas, c'est juste QU'ON NE PEUT PLUS LES VOIR EN PEINTURE !!! Tous les matins, je pleure devant mon armoire à la perspective de remettre le pull que je traîne depuis novembre !

    Pourtant il y avait ce chou. Et une furieuse envie de pintade. je filai donc chez mon boucher pour me satisfaire. Et là, choc : à part un poulet - énorme - point de volaille annexe ! Il saisit toute l'ampleur de mon désespoir et me proposa alors une cuisse de dinde. Je lorgnai la chose de la taille d'un boomerang et dus avoir une moue pour le moins sceptique.

    "Mais si, désossée et roulée en rôti, vous allez vous régaler...

    - Oui, mais moi, je voulais la faire au chou...

    - Eh bien vous la faites comme d'habitude, je vous laisse les os pour le goût."

    J'ai quand même pris aussi du lard fumé (on n'est jamais trop prudent) et je suis rentrée chez moi. Vous le croirez si vous voulez, mais il avait raison : la cuisse de dinde en rôti, c'est délicieux, très goûteux et pas sec du tout. Et mijoté une bonne heure et demie dans le chou, c'est excellent. Voici donc la :

    RÔTI DE DINDE AU CHOU

    Pour 4, il faut :

    • un chou vert
    • une cuisse de dinde désossée et ficelée en rôti
    • une tranche de lard fumé coupé en petits lardons
    • une échalote
    • un demi-verre de vin blanc
    • 3 cuillères d'huile
    • du sel et du poivre
    • les os de la cuisse de dinde

    Couper le chou et le trancher en lamelles d'un bon centimètre. L'immerger dans une cocotte-minute pleine d'eau bouillante salée et laisser cuire cinq minutes à partir du chuchotement de la soupape.

    Égoutter et passer sous l'eau froide pour stopper la cuisson.

    Dans une cocotte en fonte, faire revenir dans l'huile une échalote émincée avec les lardons, puis le rôti sous toutes les coutures. Lorsqu'il est doré,  ajouter le chou et un demi-verre de blanc. Bien mélanger, déposer les os, couvrir et laisser mijoter à feu très doux pendant une heure et demi au moins en remuant régulièrement.

    roti_dinde___chou

    Remarques :

    • C'est le genre de plat qui supporte très bien le réchauffage...
    • Je vous conseille le rôti de cuisse de dinde !
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  • Jeu de piste à Volubilis (M. DUCOS)

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    En bonne fille, le coeur de la mienne appartient à son papa, "you know... le propriétaire !" C'est pourquoi elle est rentrée pleine d'enthousiasme de l'école mardi soir : "Alors là, j'ai ramené un livre des Incorruptibles que papa va a-do-rer !" Elle ne se trompait pas. Mais il n'y a pas que son artiste de père qui a apprécié : le livre a fait l'unanimité à la maison.

    jeudepisteavolubilis

    Car si le papa a apprécié la richesse des références artistiques, la maman a beaucoup aimé le côté énigme policière qui lui a rappelé sa jeunesse de lectrice du Club des Cinq. L'histoire, la voici :

    "Un jour qu'elle peine à apprendre une poésie, une fillette découvre une mystérieuse clé cachée dans son bureau. C'est le premier indice d'un palpitant jeu de piste, qui la conduira à découvrir le secret de sa grande maison moderne, la villa Volubilis."

    Et disons-le, ce premier album de Max DUCOS est une réussite : on se prend complètement au jeu et on accompagne avec bonheur cette petite fille à travers sa grande maison moderne. Chaque indice est le prétexte à la découverte de la maison et d'artistes contemporains ; pêle-mêle je citerai Le Corbusier, Picasso, Calder, Miro, Warhol, Bang Olufsen (!) et plein d'autres encore dont les noms sont dissimulés parmi les titres de la bibliothèque au coeur du livre.

    Alors certes on chipotera en disant que la fin est presque décevante, trop "classique", attendue, mais ce serait bouder son plaisir et je préfère vous laisser avec un extrait et la formule mystérieuse que la petite fille trouve sur la clef :

    En dix indices,

    Volubilis se fait jeu de piste.

    Pour découvrir le premier,

    Regarde bien la clef.

    doublevolubilis1

    Max DUCOS, Jeu de piste à Volubilis, 2006.

    Et pour boucler la boucle, en référence à ce par quoi je commençais et pour le plaisir (spéciale dédicace à Clarabel) :

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  • Des non-régimes et un flan de carotte à la cannelle et au pavot

    Imprimer Catégories : Entrées

    Un débat nous animait il y a quelques jours sur le blog de Clarabel, évoquant le "ras-le-bol contre les messages de prévention sur la santé de nos enfants". A les entendre, nous fabriquerions tous de potentiels obèses, et le résultat, c'est que l'alimentairement correct devient si omniprésent qu'il en traumatise ceux -et celles - qui n'ont pas lieu de l'être.

    Avec un sens de l'à-propos tout à fait judicieux à deux jours du printemps, le magazine ELLE nous gratifie de son fameux numéro SPÉCIAL MAIGRIR de la saison, avec une nouveauté : "Tout sauf un régime !", tel est le nouveau slogan. D'une presse qui tous les mois ou presque vous évoque la "nouvelle diète", le "perdez 3 cm de tour de taille pour les fêtes" ou encore "entrez en 2 jours dans votre maillot de cet été", c'est pour le moins savoureux...

    Le dossier ouvre sur une interview du Docteur APFELDORFER (étymologiquement le "village de la pomme", c'est un signe...) qui publie un nouveau livre : Mangez en paix ! Sa théorie, c'est que nous avons oublié l'essentiel : "manger est un plaisir". Or influencés par les Anglo-Saxons, nous en avons désormais une conception scientifique : il faudrait consommer 1800 calories par jour, 5 fruits et légumes, 4 portions de glucides pour 2 portions de protéines. Or, explique le Docteur Pomme, "le problème, c'est que nous sommes des Latins. Pour nous, un repas, c'est de l'amour, une histoire, des recettes, un partage avec les autres et surtout un plaisir." Nous serions donc tiraillés entre ces deux conceptions et - en définitive - complètement paumés !

    L'idée générale, c'est qu'on "ferait mieux d'écouter nos sensations" : si on a envie d'une bonne côte de boeuf, c'est qu'on a besoin de protéines, si on consomme de la tartiflette à la montagne, c'est qu'on brûle plein de calories sur les pistes ( là, je m'élève en faux : je peux consommer de la tartiflette ailleurs qu'en montagne, et par ailleurs je ne mets jamais un pied sur les pistes !). Notre grand drame, c'est que nous ne savons plus écouter notre corps car on a créé "la culpabilité qui empêche d'écouter son corps". Il faut donc retrouver cette innocence vis-à-vis des aliments : "réconciliez-vous avec vous même et vous saurez manger dans votre zone de confort".

    Alors, histoire de mieux cerner votre "zone de confort", je vous propose une petite entrée l'air de rien, qui rassasie, fait manger des légumes tout en satisfaisant notre besoin de douceur. Voici donc les :

    FLANS DE CAROTTE A LA CANNELLE ET AU PAVOT

    Pour 3 flans, il faut :

    • 200 g de carottes râpées
    • 2 oeufs
    • 20 g de beurre
    • une bonne cuillère à soupe de graines de pavot
    • 2 bonnes pincées de cannelle
    • sel et poivre

    Faire fondre le beurre dans une casserole. Ajouter les carottes, saler et poivrer et faites revenir un instant avant de recouvrir d'eau. Saupoudre de cannelle. Laisser cuire une quinzaine de minutes.

    Préchauffer le four à 160°. Battre les oeufs en omelette avec les graines de pavot. Saler et poivrer. Égoutter les carottes et les incorporer à l'oeuf en écrasant bien.

    Huiler 3 ramequins et y verser la préparation. Cuire au bain-marie durant 25 minutes environ.

    Servir tiède ou froid.

    flan_carotte

    Remarques :

    • Je préfère personnellement la version froide ; je trouve que chaud, on perd la subtilité des arômes.
    • J'ai déjà évoqué le dilemme familial : certains aiment la carotte crue, d'autres cuite. En même temps, il est très facile de prélever une bonne louche de carottes râpées dans le saladier et de s'improviser, pour soi aussi, une entrée à la carotte. Comme ce flan par exemple. Il offre l'avantage de pouvoir se décliner en plat, puisqu'il contient des oeufs... à condition d'avoir un petit appétit. Ou de manger plusieurs flans.
    • La cannelle est facultative mais j'adore son association avec la carotte !

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  • Les Morsures de l'ombre (K. GIEBEL)

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    Il est des "genres" littéraires bien périlleux ; le huis-clos en est un. Il nécessite de la maîtrise, une intrigue au cordeau, des personnages irréprochables et un style parfait. Malheureusement, le roman de Karine GIEBEL manque de tout cela.

    Les_morsures_de_l_ombre

    "Une femme. Rousse, plutôt charmante. Oui, il se souvient. Un peu... Il l'a suivie chez elle... Ils ont partagé un verre, il l'a prise dans ses bras... Ensuite, c'est le trou noir. Quand il se réveille dans cette cave, derrière ces barreaux, il comprend que sa vie vient de basculer dans l'horreur. Une femme le retient prisonnier. L'observe, le provoque, lui fait mal. Rituel barbare, vengeance, dessein meurtrier, pure folie ? Une seule certitude : un compte à rebours terrifiant s'est déclenché. Combien de temps résistera-t-il aux morsures de l'ombre ? "

    La quatrième de couverture portait toutes les promesses, elles se sont cependant effritées une à une au fil de la lecture...

    D'abord par les personnages, clichés au-delà du cliché du cliché : lui, le bellâtre, le policier, l'homme à femmes qui enchaîne les conquêtes mais ne quittera jamais sa femme et son fils, dont le sourire le hante au fond de son cachot ; elle, la folle, la meurtrière, blessée au plus profond de son être par les hommes, "déjà morte" comme elle le dit elle même. Des personnages si archétypaux que le duel lasse déjà les vingt premières pages passées...

    L'intrigue ensuite : il est prisonnier, elle le regarde mourir à petit feu, le nargue, il la provoque, le regrette ; de temps à autre, on sort la tête pour aller voir du côté des autres, les vivants, la police, la femme de Benoît Laurent, la psy de la ravisseuse. Ces éléments sont censés nous aider à compléter le portrait de chacun des personnages, ils ne font que nous confirmer dans le déjà-vu, le déjà-dit.

    Le style, enfin, d'une banalité à pleurer. Il se veut fluide, naturel, spontané, il n'est que lourdeur et pseudo réalité. L'auteur abuse d'une ponctuation qui voudrait apporter du dynamisme : je me mets un point d'exclamation ET un point d'interrogation en même, pour montrer toute la dualité des sentiments... Le jeu sur les points de vue est également raté : on entre dans les pensées des uns, des autres, ce qui contribue à éclater la narration et la rendre heurtée.

    Je me suis aussi interrogée sur le propos d'un tel roman : où veut-on en venir ? Tromper sa femme, c'est mal ? Les méchants sont toujours punis ? Les femmes sont toujours les victimes des méchants hommes ? Bref, rien de nouveau sous le soleil... Reste l'impression d'un livre gratuit.

    En témoigne cet extrait entre les deux personnages, pris au début du roman :

    Comment elle s'appelle déjà ?

    Il s'approche des barreaux, s'y accroche des deux mains. Fait une tentative.

    - Lydia ?

    - Je vois que la mémoire vous revient, commandant !

    Gagné ! Je ne me suis pas trompé de prénom !

    - Lydia... Pourquoi m'avez-vous enfermé là-dedans ? C'est quoi ce jeu à la con ?!

    La silhouette se détache de l'ombre, glisse doucement vers lui mais reste à un mètre cinquante de la frontière. Il la reconnaît, maintenant. Grande, élégante. De longs cheveux, la peau claire. Et sur les lèvres, un funeste sourire.

    - La plaisanterie a assez duré, Lydia ! ... Alors vous allez ouvrir cette grille et... Où est mon flingue, d'abord ?

    - Votre arme est entre mes mains désormais. Tout comme votre vie...

    Karine GIEBEL, Les Morsures de l'ombre, 2007.

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  • Le Baiser d'Isabelle (N. CHATELET)

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    Voilà un livre tout empli d’humanité et de don de soi.

    le_baiser_d_Isabelle

    L’histoire en est magnifique et terrible, celle de cette femme défigurée qui va retrouver visage humain grâce au don d’une autre et grâce aussi à la formidable machine mise en branle par les médecins d’Amiens et de Lyon, plus d’autres « intervenants » de divers hôpitaux européens.

    Je craignais une narration laborieuse et technique, j’ai découvert une fantastique aventure humaine, où Noëlle Châtelet a su trouvé le ton juste, mêlant les paroles des uns et des autres, l’art et la science, le rationnel et le sentimental.

    Les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres, plus admirables aussi, et concourent à créer cette grande œuvre qu’est la résurrection d’une femme. J’aimé les incertitudes d’Isabelle face à ce nouveau visage qui n’est plus le sien mais qui n’est pas tout à fait autre, les doutes des médecins face à la transgression qu’ils commettent, j’ai haï le mercantilisme des « charognards » qui entravaient le travail et j’ai terminé ce livre plus riche que je ne l’étais en le commençant…

    L'extrait suivant donne une idée de l'atmosphère qui régnait dans la salle d'opération le jour dit :

    9 heures du matin. L'instant de vérité approche. L'ont-ils senti. Pressenti ?

    Quelqu'un va choisir la prochaine musique.

    Un chant de matines s'élève au-dessus des têtes encore penchées sur l'ouvrage. Le moment est imminent de laisser le sang passer, de voir s'il passe dans le greffon.

    Les yeux rivés à son microscope, le Pr Bernard D. soude un dernier vaisseau de 1,5 millimètre de diamètre avec son fil invisible à l'oeil nu, un tuyau rigide mais qui peut se spasmer...

    Enfin, il lâche le clamps qui retient encore le sang...

    Chacun racontera à sa façon, avec ses mots, son émotion, la magie de cet instant unique, emblématique de la greffe d'Isabelle. On évoquera toutes sortes de métaphores pour tenter d'exprimer l'inexprimable, jusqu'à celle d'une fleur japonaise qui s'épanouirait au contact de l'eau.

    Le Pr. Sylvie T. fait reculer tout le monde :

    "Regardez ! Regardez, patron !"

    Noëlle CHATELET, Le Baiser d'Isabelle, 2007.

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  • L'année 2008 sera l'année de la yaourtière !

    Imprimer Catégories : Desserts

    Souvenez-vous, il y a eu les MAP (ou Machine A Pain), devenues incontournables dans toute cuisine qui se respecte. Il y a le siphon, qui commence à percer, mais je vous le dis, je vous l'affirme, l'année 2008 sera l'année de la yaourtière !

    Et pourquoi donc, me direz-vous ? Je vous répondrai simplement : "essayez donc !" et vous comprendrez... Le goût est tout simplement inimitable. Je comparerais cela avec le pain qu'on fait soi-même : quand on revient à ceux du commerce, même très bon, on y sent toujours, au fond, parfois bien au fond, un petit goût de produits "annexes", conservateurs ou autres. Avec les yaourts, c'est pareil : le résultat obtenu, c'est une texture douce, veloutée quoique ferme, crémeuse, bref, absolument savoureuse.

    Le hic, c'est que si j'admire ceux qui proposent plein de variations autour du yaourt, comme ici ou encore ici, moi, je les aime nature (et les enfants aussi) et préfère garder la possibilité d'ajouter des fruits ou de la confiture plutôt que de les aromatiser d'emblée. Voici donc les :*

    YAOURTS NATURES

    Pour les premiers 7 yaourts, il faut :

    • un litre de lait entier
    • une dose de ferment lactique achetée en pharmacie

    Mélanger la poudre de ferment avec quelques cuillerées à soupe de lait. Puis diluer jusqu'à obtenir une tasse.

    Laisser reposer deux heures.

    Ajouter au mélange le reste de lait en fouettant bien pendant au moins trente secondes.

    Verser dans les pots (sans couvercle) et brancher la yaourtière pour onze heures.

    A l'issue de la cuisson, les laisser refroidir avant de les entreposer une heure minimum au réfrigérateur.

    YAOURT_005

    Remarques :

    • Pour les suivants, il suffit de délayer un de vos yaourts avec le litre de lait, de laisser reposer une heure avant de fouetter et de mettre en pot.
    • Utiliser du lait entier permet d'obtenir des yaourts plus moelleux.
    • Si vous voulez tout savoir sur le yaourt, sa vie, son oeuvre, c'est ici.

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  • Le secret du bouillon (S. ISHIKAWA)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Clarabel l'a promis, elle en a même fait un beau bandeau :

    2008_manga

    ©Clarabel.

    Et puis il n'a pas qu'elle... Gawou aussi s'y est mise. Alors comme je ne suis jamais en retard d'une tendance, je me suis retrouvée à lire un de mes premiers mangas : les aventures d'Aya, conseillère culinaire.

    aya

    Bon, évidemment, comme je suis un peu blonde, il m'a fallu un petit moment pour prendre le réflexe de lire à l'envers (on commence en haut à droite et on finit en bas à gauche) mais une fois que j'ai compris, j'avoue que la lecture est subitement devenue beaucoup plus cohérente...

    Aya Kisaragi est conseillère culinaire pour la société Food Project. Sa mission : redresser les restaurants qui battent de l'aile. Ses armes : un sens du goût exceptionnel et un caractère bien trempé.

    En compagnie de son assistant gaffeur Ippei Komaï, partez à la découverte du goût nippon, de ses techniques secrètes et de ses réalités.

    Le tome 1 que j'ai lu présentait trois histoires (appelées menus) et offrait en prime quatre recettes. Je l'avoue, j'ai aimé cette lecture divertissante et aux relents d'enfance voire d'adolescence - en effet, les personnages de manga me rappellent irrésistiblement les dessins animés de notre jeunesse et le gaffeur Ippei Komaï le Quentin (sûrement pas son nom japonais, ça...) de Cat's Eye - mais j'ai cependant trouvé cela un peu "gentillet". Je lirai certainement les autres volumes si l'occasion se présente, mais ce n'est pas une priorité.

    L'extrait suivant provient de la première histoire, "Père et fils". Une histoire dramatique d'un petit garçon dont les parents sont divorcés et qui voudrait désespérément que son papa redevienne le grand chef qu'il fut. En attendant, il a sombré dans l'alcool et son ex-femme cherche à reprendre le restaurant qu'il laisse aller à vau-l'eau (ou à vau-le-saké, en l'occurrence...).

    aya

    Saburô ISHIKAWA, Aya conseillère culinaire (tome 1), 2007.

    Et pour le souvenir :

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  • Hôtel de l'insomnie (D. de VILLEPIN)

    Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

    On devrait toujours se méfier des émissions de télévision bien faites. Ainsi l'autre soir, alors que je regardais celle de Guillaume DURAND, Esprits libres, où Juliette BINOCHE et Dominique de VILLEPIN s'affrontaient à fleurets mouchetés, il m'est venue l'idée irrépressible de lire, justement, le dernier livre de l'ancien Premier Ministre. Il s'exprimait avec tant de chaleur et de passion sur les arts en général et les artistes en particulier, évoquant indifféremment peintres, écrivains ou poètes, que cette érudition à hauteur d'homme me donna envie.

    Hotel_de_l_insomnie

    J'achetai. Bon, j'avais oublié dans mon enthousiasme que Dominique de VILLEPIN était aussi l'ancien Premier Ministre et que ce "journal d'insomnies" était celui de ses nuits au ministère... Du coup, ça devenait un peu moins "artistique" et un peu plus "politique" même si le propos était et reste celui de coucher sur le papier des rêveries issues du plus profond de lui.

    J'ai moyennement aimé le livre. Si l'auteur en parle bien, ce lyrisme et ardeurs dithyrambiques tombent un peu à plat à l'écrit et produisent un ouvrage souvent plus précieux qu'érudit. Néanmoins il en reste de beaux passages, sur Saint-John Perse ou Aimé Césaire par exemple, et l'originalité d'un livre qui ne ressemble pas au "journal d'un politique".

    Dans l'extrait suivant, il précise son propos :

    La blessure est féconde quand elle nous ouvre à de nouvelles naissances. D'autres vies, d'autres visages, qui jaillissent d'un livre d'images et allègent le fardeau. Victoire enfin de celui qui, déchu, défie la peur de la mort.

    Des figures anciennes viennent nous retrouver, au moment où nous nous y attendons le moins. Elles ne nous hantent pas, mais nous habitent le temps d'un souvenir. Une ombre passe, nous la reconnaissons, comme nous croyons reconnaître une voix chère qui s'est tue.

    Dominique de VILLEPIN, Hôtel de l'insomnie, 2008.

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