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Les Morsures de l'ombre (K. GIEBEL)

Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

Il est des "genres" littéraires bien périlleux ; le huis-clos en est un. Il nécessite de la maîtrise, une intrigue au cordeau, des personnages irréprochables et un style parfait. Malheureusement, le roman de Karine GIEBEL manque de tout cela.

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"Une femme. Rousse, plutôt charmante. Oui, il se souvient. Un peu... Il l'a suivie chez elle... Ils ont partagé un verre, il l'a prise dans ses bras... Ensuite, c'est le trou noir. Quand il se réveille dans cette cave, derrière ces barreaux, il comprend que sa vie vient de basculer dans l'horreur. Une femme le retient prisonnier. L'observe, le provoque, lui fait mal. Rituel barbare, vengeance, dessein meurtrier, pure folie ? Une seule certitude : un compte à rebours terrifiant s'est déclenché. Combien de temps résistera-t-il aux morsures de l'ombre ? "

La quatrième de couverture portait toutes les promesses, elles se sont cependant effritées une à une au fil de la lecture...

D'abord par les personnages, clichés au-delà du cliché du cliché : lui, le bellâtre, le policier, l'homme à femmes qui enchaîne les conquêtes mais ne quittera jamais sa femme et son fils, dont le sourire le hante au fond de son cachot ; elle, la folle, la meurtrière, blessée au plus profond de son être par les hommes, "déjà morte" comme elle le dit elle même. Des personnages si archétypaux que le duel lasse déjà les vingt premières pages passées...

L'intrigue ensuite : il est prisonnier, elle le regarde mourir à petit feu, le nargue, il la provoque, le regrette ; de temps à autre, on sort la tête pour aller voir du côté des autres, les vivants, la police, la femme de Benoît Laurent, la psy de la ravisseuse. Ces éléments sont censés nous aider à compléter le portrait de chacun des personnages, ils ne font que nous confirmer dans le déjà-vu, le déjà-dit.

Le style, enfin, d'une banalité à pleurer. Il se veut fluide, naturel, spontané, il n'est que lourdeur et pseudo réalité. L'auteur abuse d'une ponctuation qui voudrait apporter du dynamisme : je me mets un point d'exclamation ET un point d'interrogation en même, pour montrer toute la dualité des sentiments... Le jeu sur les points de vue est également raté : on entre dans les pensées des uns, des autres, ce qui contribue à éclater la narration et la rendre heurtée.

Je me suis aussi interrogée sur le propos d'un tel roman : où veut-on en venir ? Tromper sa femme, c'est mal ? Les méchants sont toujours punis ? Les femmes sont toujours les victimes des méchants hommes ? Bref, rien de nouveau sous le soleil... Reste l'impression d'un livre gratuit.

En témoigne cet extrait entre les deux personnages, pris au début du roman :

Comment elle s'appelle déjà ?

Il s'approche des barreaux, s'y accroche des deux mains. Fait une tentative.

- Lydia ?

- Je vois que la mémoire vous revient, commandant !

Gagné ! Je ne me suis pas trompé de prénom !

- Lydia... Pourquoi m'avez-vous enfermé là-dedans ? C'est quoi ce jeu à la con ?!

La silhouette se détache de l'ombre, glisse doucement vers lui mais reste à un mètre cinquante de la frontière. Il la reconnaît, maintenant. Grande, élégante. De longs cheveux, la peau claire. Et sur les lèvres, un funeste sourire.

- La plaisanterie a assez duré, Lydia ! ... Alors vous allez ouvrir cette grille et... Où est mon flingue, d'abord ?

- Votre arme est entre mes mains désormais. Tout comme votre vie...

Karine GIEBEL, Les Morsures de l'ombre, 2007.

7 commentaires Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • "Recettes, lectures et autres gourmandises": le bonheur résumé en une phrase d'accroche. Je sens que ton blog va finir dans mes favoris!

  • merci pour ce petit post critique. Rien que l'extrait laisse présager tout ce que tu explicites! surtout le "gagné! je ne me suis pas trompé de prénom!" ..je déteste ce genre de monologue intérieur inutile, où l'écrivain suppose que son lecteur est trop idiot pour comprendre. Tu lis la phrase et tu dis: "sans blaaague!". Bises et à bientot!

  • C'est exacetemnt ça, miss Bonbon : le genre de narration qui nous prend pour des simplets !

  • Ah merci, merci, merci pour cette note critique qui me (ré)conforte un peu. J'ai vraiment détesté ce livre et en en parlant avec d'autres lectrices au Salon du Livre, je me sentais un peu l' extra-terrestre du groupe !

  • Comme toi, Marie, je me faisais un peu figure d'alien : sur Amazone, les 5 commentaires étaient tous dithyrambiques !

  • Certes le style est assez simple, mais l'intrigue, avec ses personnages stéréotypés, n'est tout de même pas aussi catastrophique qu'annoncée plus avant. A la page 100, je n'ai toujours pas décroché. Et je trouve, du coup, le roman captivant.Pour ceux qui aiment des situations étoffées, on lira Agatha Christie (une valeur sûre) mais aussi le belge S.A. Steeman. Bonnes lectures.

  • Comme on le voit, ce roman peut susciter des réactions aussi enthousiastes que dépitées...

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