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  • Gâteau de foie "lyonnais"

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    Il y a des choses, comme ça, qui ont le goût d'une petite madeleine de Proust. Le gâteau en est une. Souvenirs de repas familiaux, des déjeuners du dimanche ou de repas de Noël, le gâteau de foie a toujours trôné sur la table. Avec son coulis de tomate et ses quenelles. Bien évidemment, parce que c'est presque une institution, c'est aussi presqu'impossible d'en obtenir la recette précise. "Oh, ben, c'est tout simple..." Oui, mais simple comment ?

    C'est ainsi que l'autre soir, j'ai décidé de me lancer : le dernier lapin m'avait laissé son magnifique foie, j'avais plein de pain sec (car le gâteau de foie appartient à la plus pure tradition de la cuisine de ménage, l'art d'accommoder les restes...), un beau bouquet de persil, ne restait plus que le courage... d'y aller. C'est ainsi que j'ai réussi mon premier :

    GÂTEAU DE FOIE

    Pour 4, il faut :

    • un foie de lapin en pleine forme
    • 4 oeufs
    • un bouquet de persil
    • 6 tranches de pain sec
    • 40 cl de lait

    Faire tremper les tranches de pain dans le lait pendant deux bonnes heures pour qu'elles s'imbibent.

    Beurrer un moule à soufflé et le réserver au frais.

    Préchauffer le four à 200°.

    Mixer ensemble le pain, le persil (tiges comprises) et le foie pour obtenir une consistance très fluide. Saler et poivrer.

    Ajouter les jaunes d'oeuf et mélanger.

    Battre les blancs d'oeuf en neige et les incorporer doucement à la préparation.

    Verser dans le moule et enfourner pour trente minutes, thermostat 6 (180°).

    gâteau foie.jpg

    Remarques :

     

    • Plus les tranches de pain se seront imbibées, meilleures elles seront ; n'hésitez pas à les préparer le matin pour le soir...
    • Délicieux avec un coulis maison (les tomates de l'été bien mijotées et congelées)...
    • J'avais une belle photo "avant" mais j'ai craqué sur la texture et n'ai pas résisté à la montrer !

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  • Yassa en pays guelwaar (F. DIOME)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Un roman à lire absolument :

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    "Arame et Bougna, mères, respectivement, de Lamine et Issa, deux émigrés clandestins. Elles ne comptaient plus leurs printemps, mais chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui devait tenir la demeure sur les galeries creusées par l'absence. Mais comment
    dépeindre la peine d'une mère qui attend son enfant, sans jamais être certaine de le revoir ? Coumba et Daba, quant à elles, humaient leurs premières roses : jeunes, belles, elles rêvaient d'un destin autre que celui de leurs aînées du village. Assoiffées d'amour, d'avenir et de modernité, elles s'étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix.
    Mariées, respectivement à Issa et Lamine, l'Europe est leur plus grande rivale. Esseulées, elles peuvent rester fidèles à leur chambre vide ou succomber à la tentation. Mais la vie n'attend pas les absents, derrière les émigrés, les amours varient, les secrets de famille affleurent ; les petites et grandes trahisons vont alimenter la chronique sociale du village et déterminer la nature des retrouvailles. Le visage qu'on retrouve n'est pas forcément celui qu'on attendait."

    Parce que c'est un roman d'égal à égal. Un roman qui ne joue ni sur la corde misérabiliste de l'émigré clandestin qui part vers des cieux plus bleus, ni sur le cliché du pittoresque avec l'Afrique, sa chaleur humaine, ses boubous chatoyants.

    Parce que c'est un roman qui DIT les choses, sans fard, sans amertume, sans résignation non plus, avec lucidité et intelligence. "Chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui tenait la demeure sur les galeries creusées par l'absence.(...) de toute façon, c'est toujours à la maman que les enfants réclament à manger. Féminisme ou pas, nourrir reste une astreinte imposée aux femmes."

    Parce qu'il est écrit dans une langue magnifique, charnelle, pleine d'images et de sensations, et qu'il déroule son fil à travers une chronologie qui n'en est plus une tant elle est distendue.

    Parce que c'est un roman sur l'amour, celui d'une mère pour son fils, d'une femme pour son époux, que tous ces amours s'écrivent au pluriel, qu'ils sont doublés, dédoublés, éparpillés en mille morceaux comme autant d'éclats de verre et de vies gâchées.

    Parce que c'est un roman qui pourrait être amer et résigné, mais qu'il transmet une telle foi dans l'humain qu'on le referme, le coeur serré mais néanmoins plein d'espoir. Ne pas se résigner, continuer, faire son devoir d'être vivant.

    Son déjeuner s'annonçait meilleur que d'ordinaire. Non seulement il lui restait quelques kilos de riz et de l'huile de l'Aïd-el-Kébir mais, la veille, elle avait rôti et conservé une bonne moitié de ses daurades. Comme elle avait des oignons et du citron en quantité, elle aurait la plaisir d'exprimer ses talents culinaires en préparant un savoureux yassa. Elle pourrait même, comme le veut la courtoisie locale, porter un bol bien garni à Issa, qui avait eu la gentillesse de lui offrir autant de poissons. Elle mit tout son coeur à l'ouvrage.

    Quand ses écolies rentrèrent, Arame savourait une petite pause bien méritée, sous le manguier. Elle plaisantait avec son petit-fils qui, la voyant inoccupée, s'était pressée de lui imposer un jeu d'awalé. Le repas était presque prêt. La marmite de riz blanc, préparé à la créole, n'était plus sur le feu, mais maintenue au chaud, sur des cendres chaudes, à côté du foyer à trois pierres. Seule la sauce mijotait encore sur les braises. Arame n'ignorait pas que la qualité d'un yassa dépend d'une bonne réduction de la sauce, qui doit être onctueuse, sans être trop épaisse ; fluide, sans être trop liquide. La fumée qui lui avait rougi les yeux ne l'avait pas empêchée de veiller à la minutie d'une telle performance gastronomique. A l'arrivée des enfants, remarquant leurs lèvres èches et leur ventre creux, elle se précipita dans la cuisine, mais un coup d'oeil suffit pour se décider à les faire patienter encore quelques minutes. Elle fit diversion pour juguler l'impatience de sa petite équipe :

    - Il fait très chaud, hein ? Allez tous prendre une petite douche, cela vous fera du bien. J'ai presque fini, j'aurai même servi à votre retour.

    Fatou DIOME, Celles qui attendent, 2010.

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  • Ma Cuisine rouge en vidéo avec ses petites crèmes au chocolat !

    Imprimer Catégories : Desserts

    Parce que son fils est parti étudier loin de la maison et qu'il cherche comment se débrouiller pour cuisiner en cité U, avec peu d'ustensiles et deux plaques électriques, le papa a eu l'idée de créer une "chaîne" sur Youtube pour lui expliquer les basiques : vive la U- gastronomie !

    Conviée à participer l'aventure, j'ai proposé mon classique familiale, la valeur sûre, inratable et incontournable : mes petites crèmes au chocolat. Attention : j'ai dit "crème", et non flan, j'y tiens. Essayez, goûtez et vous verrez !

    PS : Les quantités ont été "adaptées" à l'ergonomie d'une cuisine étudiante...

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  • La Solitude du Docteur March (G. BROOKS)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Étonnant roman que celui-ci :

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    "Couronné par le prix Pulitzer, un roman aussi puissant qu’élégant qui réinvente la destinée du célèbre père des Quatre Filles du docteur March. Des sphères intellectuelles vibrantes de la Nouvelle-Angleterre au Sud sensuel et violent de la guerre de Sécession, l’odyssée d’un idéaliste pris dans la tourmente de l’Histoire.

    Dans le Massachusetts, à Concord, un homme quitte femme et enfants pour s’engager auprès des nordistes. Un père aimant, mari fidèle et abolitionniste convaincu : le docteur March.

    Enrôlé comme aumônier, March va bientôt voir ses certitudes ébranlées par les atrocités commises sur le champ de bataille.

    Mais rien n’aurait pu le préparer à retrouver celle qu’il n’a jamais réussi à oublier : la belle et douce Grace, une esclave rencontrée vingt ans plus tôt…

    Entre attirance tragique et culpabilité dévorante, engagements humanistes et devoirs familiaux, lynchages publics et mise à sac de plantations, March va devoir affronter des épreuves qui le changeront à jamais. Seul face à lui-même, sur une terre où s’effacent les frontières entre le bien et le mal…"

    Bien sûr, c'est encore l'esprit tout empli des soeurs March, Meg, Beth, Amy et, surtout, Jo, que je me suis plongée dans ce livre. Le choc n'en a été que plus brutal. Comme si, tout à coup, mes yeux se dessillaient, que je laissais derrière moi les crinolines d'Autant en emporte le vent et ses "Mame Scarlett" pour entrer dans une réalité beaucoup plus brutale : celle du vieux Sud esclavagiste et d'une guerre fratricide.

    Car on est loin du romantisme avec ce roman : si l'histoire qu'a imaginée Geraldine BROOKS se glisse à merveille dans les interstices de celle de L. M. ALCOTT, car tout y est, depuis la ruine de la famille jusqu'à la maladie du père, c'est l'itinéraire d'un homme issu d'un milieu modeste, humaniste et humain, qui vient s'imposer et, à travers lui, l'histoire d'une nation pleine de déchirures.

    Geraldine BROOKS a su admirablement décrire les ambiguïtés, les indécisions, les modes de vie et de pensée, la difficulté de s'arracher à son passé pour aller de l'avant et, également, les nécessités de la rupture. "Nous avons eu notre content de Blancs pour commander notre existence ! répliquera Grace au docteur March lui proposant de travailler avec eux après la guerre, pas mal d'hommes de ma race sont meilleurs coursiers que vous ne le serez jamais. Et il ne manque pas de pasteurs nègres pour connaître le vrai langage de nos âmes. Un peuple libre doit apprendre à décider de son destin."

    La Solitude du Docteur March est un roman brutal, violent parfois, terrible souvent, mais qui ne saurait laisser indifférent. C'est une belle réussite.

    La jeune femme m'emmena sur le côté de la maison aux murs de pierre, franchit un portillon et pénétra dans un jardin potager au cordeau, où les élégantes pointes violettes des asperges se dressaient telles des sentinelles et où des fraisiers croulaient précocement sous leurs fruits verts. Ici, on se régalerait de fraises avant que le sol eût dégelé chez nous. Je la suivis, frappé par sa démarche : parfaitement droite, mais non moins souple.

    A la cuisine, les saines odeurs matinales des galettes de maïs grillées et d'un bon café parfumé me donnèrent des crampes d'estomac.

    "Qui nous as-tu amené, Grace ?" s'enquit la cuisinière, une femme aux hanches pleines, au visage plat luisant de sueur.

    Ma faim devait être criante, car d'autorité la cuisinière posa devant moi une écuelle de fer-blanc où s'empilaient des galettes, tout en me sermonnant sur les méchantes façons de mes congénères. Elle n'avait aucune indulgence pour ceux qui tentaient de la duper. Je hochais vigoureusement la tête en enfournant la nourriture.

    "Il n'y a aucune sorte de noix de muscade dans mes bagages, affirmai-je. Seulement un assortiment d'articles plaisants et utiles destinés au confort du corps et de l'esprit.

    - C'est vrai ? demanda-t-elle, les coins de sa grande bouche plissée vers le bas dans sa tentative outrée pour paraître menaçante. Alors vous avez intérêt à montrer vot' mercerie yankee à Annie, et vite, j'ai pas le temps de lambiner."

    Geraldine BROOKS, La Solitude du Docteur March, 2010.

     

    Lu dans la cadre de l'opération Masse critique - BABELIO

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