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voyage

  • La cuisine de Mademoiselle (T. DE FOMBELLE)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    J'avoue, Tobie Lolness m'était tombé des mains et je n'avais aucune impatience à lire celui-ci :

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    "Paris, 1934. Devant Notre-Dame une poursuite s'engage au milieu de la foule. Le jeune Vango doit fuir. Fuir la police qui l'accuse, fuir les forces mystérieuses qui le traquent. Vango ne sait pas qui il est. Son passé cache de lourds secrets. Des îles siciliennes aux brouillards de l'Ecosse, tandis qu'enfle le bruit de la guerre, Vango cherche sa vérité. Un héros inoubliable et romantique, une aventure haletante, envoûtante, empreinte d'humour et de poésie. Timothée de Fombelle signe de nouveau un grand roman, après le succès international de Tobie Lolness."

    Voulez-vous entrer dans un univers magique ? Voulez-vous découvrir un monde où l'on pèle une pomme de terre "tout en lui donnant huit faces parfaites" ? Où l'on s'envole en zeppelin au-dessus de l'Allemagne nazie ? Alors lisez, que dis-je, dévorez le dernier roman de Timothée de FOMBELLE, Vango. Littérature de jeunesse, direz-vous, oui, mais quelle littérature !

    La langue y est aussi sauvage que son personnage, aussi indomptable et... aussi mystérieuse. Car de ces mots si simples, si évidents, si limpides, il en ressort une beauté, une poésie qui vous restera longtemps en tête... Ainsi cette cuisine de Mademoiselle, la gouvernante qui a sauvé Vango :

    LA CUISINE DE MADEMOISELLE

    Mademoiselle était une magicienne de la cuisine.

    Sur son petit fourneau de pierre, au bord de cette île perdue en Méditerranée, elle faisait chaque jour des merveilles qui auraient fait pleurer les gastronomes des plus grandes capitales. Au fond de ses poêles profondes, les légumes faisaient une danse ensorcelante dans des sauces dont l'odeur montait à la tête et à l'âme. Une simple tartine de thym devenait un tapis volant. Les gratins vous tiraient des larmes alors que vous n'aviez pas encore passé le pas de la porte. Et les soufflés... Mon Dieu. Les soufflés seraient allés se coller au plafond tant ils étaient légers, volatils, immatériels. Mais Vango se jetait dessus avant qu'ils s'évaporent.

    Mademoiselle préparait des soupes et des feuilletés impossibles. Elle faisait lever à la main des mousses aux parfums interdits. Elle servait le poisson dans des jus noirs au goût d'herbes inconnues qu'elle trouvait entre les pierres.

    Vango avait cru longtemps qu'on mangeait ainsi dans toutes les maisons. Il n'avait d'ailleurs jamais rien goûté en dehors de chez lui. Mais, depuis le jour où l'on avait fait venir le docteur pour une pneumonie du petit garçon, quand il avait cinq ou six ans, il avait compris que Mademoiselle n'était pas une cuisinière comme les autres.

    Timothée de FOMBELLE, Vango, 2010.

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  • Le goût de Venise

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    A bientôt, disons dans... une petite semaine !

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  • Index des voyages

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    Voici tous les lieux dont j'ai parlés :

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  • Carnets de voyage : Irlande

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    Lough Kylemore - Connemara

    "Attends, tu ne vas pas ramener ça ???

    - Et pourquoi pas ? Toi, tu ramènes bien des cailloux !"

    Chacun ses manies. moi, quand je voyage, c'est aller me balader dans les supermarchés locaux. J'adore voir ce qu'on y trouve et découvrir ainsi comment vivent les gens. De surcroît, quand il s'agit d'un pays anglo-saxon, c'est le paradis pour trouver des trucs introuvables en France d'une part, et prodigieusement utiles d'autre part, si bien qu'on se demande pourquoi personne n'importe ça chez nous.

    Ainsi en Irlande, j'ai pu racheter :

    • des sacs à sandwiches, un truc génial, format carré, qui permet de transporter ses sandwiches, au boulot ou en pique-nique. Pourquoi on n'a pas ça, nous ?
    • des moules et feuilles en silicone de toutes les formes à quatre euros en moyenne. Pourquoi c'est hors de prix chez nous, ça ?
    • une boîte à repas fantastique, avec trois compartiments plus un petit amovible pour la sauce de salade et des couverts qui se rangent en s'incrustant dans le couvercle.
    • un ensemble à pocher les oeufs au micro-onde, tellement plus rapide que la bonne vieille technique de l'ébullition

    Bref, je suis rentrée les valises pleines de ces choses-là. Et aussi des images plein la tête.

    De plages ensoleillées.

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    Ballydowan Cove

    Avec des vagues, parfois...

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    La même

    De petites églises perdues au milieu de nulle part :

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    St Dubham's Church

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    Ardmore

    De petits ports charmants...

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    Passage East

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    Ballyhack

    De phares au bout du bout du monde...

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    Hook Head

    De fortifications avec vue sur la mer :

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    Duncannon Castle

    J'ai vu la péninsule de Dingle...

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    Arrivée à Dingle

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    Slea Head

    Et puis le Connemara :

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    Lough Ahalia

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    Ballyconnely

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    Lough Kylemore

    Et je précise que mon mari a effectivement ramené des cailloux, comme il le fait à chacun de nos voyages... Et quand je dis cailloux, je ne pense pas "petite chose que l'on met au fond de sa poche", non, il s'agit de blocs d'une bonne vingtaine de kilos environ ! Nous n'avons évité les pierres maliennes que parce qu'elles étaient rares et surtout, parce que nous rentrions en avion !

    Et pour ceux qui voudraient découvrir une Irlande "de l'intérieur", je ne peux que conseiller la passionnante autobiographie de la journaliste et écrivain Nuala O'Faolain, parue en 2005 :

    J'étais l'Irlandaise type : une pas grand-chose, issue d'une longue lignée de pas grand-chose, de ceux qui ne laissent pas de traces. Dans un pays catholique conservateur qui avait peur de la sexualité et qui m'interdisait même d'avoir des informations sur mon corps, je pouvais m'attendre - en tant que fille, en tant que femme - à rencontrer des difficultés dans l'existence. Mais au moins - c'est ce qu'on disait alors - je n'aurais pas la lourde tâche de gagner ma vie. Un homme finirait bien par m'épouser et par me garder. Mais les gens typiques n'existent pas.

    Nuala O'Faolain (1940-2008)

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  • Zoli (C. Mc CANN)

    Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

    Le hasard a voulu que LE POINT du 7/02/08 consacre un article aux Roms, ces "parias de l'Europe", article qui détaillait la condition des Roms, ces "éternels indésirables". Or justement, j'avais refermé la veille :

    Zoli

    "Les plaines de Bohème à la France, en passant par l'Autriche et l'Italie, des années trente à nos jours, une magnifique histoire d'amour, de trahison et d'exil, le portrait tout en nuances d'une femme insaisissable. Porté par l'écriture étincelante de Colum McCann, Zoli nous offre un regard unique sur l'univers des Tziganes, avec pour toile de fond les bouleversements politiques dans l'Europe du XXe siècle.

    Tchécoslovaquie, 1930. Sur un lac gelé, un bataillon fasciste a rassemblé une communauté tzigane. La glace craque, les roulottes s'enfoncent dans l'eau. Seuls en réchappent Zoli, six ans, et son grand-père, Stanislaus.

    Quelques années plus tard, Zoli s'est découvert des talents d'écriture. C'est le poète communiste Martin Stránský qui va la remarquer et tenter d'en faire une icône du parti. Mais c'est sa rencontre avec Stephen Swann, Anglais exilé, traducteur déraciné, qui va sceller son destin. Subjugué par le talent de cette jeune femme, fasciné par sa fougue et son audace, Swann veut l'aimer, la posséder. Mais Zoli est libre comme le vent.

    Alors, parce qu'il ne peut l'avoir, Swann va commettre la pire des trahisons..."

    A lire la quatrième de couverture, le roman avait le souffle romanesque des grandes épopées. A la lecture, je serais un peu plus nuancée. Le personnage de Zoli, orpheline au prénom de garçon devenue poétesse, est certes complètement romanesque ; sa conquête de l'indépendance - dont elle paiera le prix - est captivante ; cependant, l'histoire de Zoli (inspirée d'une poétesse qui a elle bien existé : Bronislava Wajs) étant étroitement liée à celle du peuple tzigane, Colum McCANN mène de front ces deux épopées, ce qui ne va pas sans entraîner certaines lourdeurs dans sa narration.

    La première partie est édifiante : c'est l'enfance de Zoli, seule rescapée du massacre de sa famille (et du reste de la tribu) avec son grand-père, qui parcourt l'Europe de l'Est de tribu en tribu. Elle deviendra chanteuse, puis poétesse, pour son bonheur et son malheur. Colum McCANN dévoile ici la condition des Roms sous le régime nazi, puis après, la volonté de les intégrer progressivement et de les sédentariser. Ce qui sera développé dans la deuxième partie, où Zoli, bannie par son peuple, est condamnée à fuir, toujours vers l'ouest. Elle laissera son peuple, qui ira s'entasser dans des tours en périphérie des villes. Et puis enfin, on le retrouvera à la fin de sa vie, épouse heureuse et mère d'une fille installé en France et organisant une conférence sur le peuple rom.

    Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est l'empathie que son auteur a su créé avec son personnage principal : on suit Zoli, on partage ses sentiments, on la comprend. Ce qui est d'autant plus méritoire que ce personnage est à cent lieux de nos petites vies sédentaires. On y découvre un univers très codifié, des traditions très lourdes et c'est tout à la fois étrange, passionnant et dérangeant. On ne peut s'empêcher d'éprouver des sentiments très divers à la lecture de Zoli : on éprouve de la compassion, voire de la culpabilité envers cette population tsigane qui a toujours connu l'exil, et en même temps, on songe à ces silhouettes qui mendient aux feux rouges, à ces mères assises sur les trottoirs, leurs enfants dans les bras, à ces baraquements en périphérie des villes. Et puis reste l'image d'un peuple fier, qui refuse de se laisser abattre et reste debout, à l'image de cette confession de Zoli à sa fille :

    A condition d'y mettre le sucre et les larmes, on leur fait avaler n'importe quoi. Ils s'en pourlèchent et, dans leur bouche, le sucre et les larmes font une pâte qu'ils appellent compassion. Essaie un jour, chonorroeja, tu te sentiras peut-être fondre toi-même.

    Je n'arrive pas à expliquer pourquoi, si nombreux, ils nous ont détestés avec tant de ferveur et pendant tant d'années. Si j'y arrivais, ça rendrait les choses encore bien trop faciles. Ils nous font taire en nous coupant la langue, ensuite ils viennent nous demander les réponses. Ils refusent de penser par eux-même, et ils méprisent ceux qui ont des idées. Ils ne se sentent bien qu'avec un fouet au dessus de la tête et, la plupart du temps, notre arme la plus dangereuse n'est qu'une chanson. Je suis pleine du souvenir de ceux qui ont vécu et de ceux qui sont morts. Nous avons aussi nos couillons et nos démons, chonorroeja, mais la haine des autres, autour et partout, nous rassemble. Montre-moi un seul coin de terre dont nous ne sommes pas partis, d'où nous ne partirons pas, un seul endroit qu'il n'a pas fallu éviter. Si j'ai maudit beaucoup des nôtres, nos supercheries, notre double langage, ma propre vanité et la propre bêtise, le pire d'entre nous ne s'est jamais retrouvé avec les pires d'entre eux. Ils nous appellent leurs ennemis pour n'avoir pas à se regarder. Ils retirent la liberté de l'un pour la donner à l'autre. Ils transforment la justice en vengeance mais continuent de l'appeler justice. On attend de nous qu'on lise l'avenir, ou du moins qu'on lui vide les poches. Ils nous rasent la tête, nous traitent de voleurs, de menteurs, d'ordures, et nous demandent ensuite pourquoi on ne ferait pas comme eux.

    Colum McCANN, Zoli, 2007, Belfond.

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  • Loin de vous ce printemps (M. WESTMACOTT)

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    Je n'avais encore jamais eu la curiosité de me pencher sur les romans "autres" d'Agatha CHRISTIE. J'ai été et je reste une inconditionnelles de ses romans policiers, de facture si classique et si similaire, mais d'une telle efficacité. De la même manière, j'apprécie les Patricia WENTWORTH pour leur charme désuet. Vous pouvez lire à ce sujet la discussion entamée chez Clarabel.

    Je me souviens que la première fois que je suis allée en Angleterre, j'avais l'impression de me promener dans un Agatha Christie ! Le moindre petit cottage fleuri m'évoquait les rues de St Mary Mead, le fief de Miss Marple ! Un peu comme aller à New York me donnait l'impression d'être dans Woody ALLEN.

    Loin_de_vous

    Je savais qu'Agatha CHRISTIE avait tâté du "roman conventionnel". N'osant utiliser son nom de plume "connu", elle avait adopté celui de Mary WESTMACOTT pour publier trois romans. Tombant par hasard sur l'un d'eux, Loin de vous ce printemps, je m'y suis plongée. C'est drôle car s'il n'est pas du tout un whodunit, cela reste néanmoins un Agatha CHRISTIE pur jus : une femme qui part explorer son passé à la manière d'un détective, l'ironique habitude de fustiger des personnages appartenant à une société bien codifiée, une narration qui recourt énormément au style indirect libre, qui permet de restituer les pensées du personnage tout en restant dans un point de vue apparemment extérieur, les références shakespeariennes, un pessimisme profond, tout Agatha CHRISTIE y est !

    "Joan Scudamore, l'héroïne de ce récit, est une femme parfaite et consciente de l'être. Jusqu'au jour où, désoeuvrée, obligée d'attendre en plein désert le train qui la ramènera dans son douillet petit nid anglais, elle commence à évoquer son mari, ses trois enfants...

    Détective lancée sur sa propre vie passée, elle rassemble, petit à petit, les pièces du puzzle : une parole, un geste de l'un de ses proches, et un portrait se dessine, inattendu, horrible - le sien..."

    Il faut bien reconnaître que ce roman n'a pas l'efficacité redoutable d'un des romans policiers de la grande Agatha. S'il se lit sans déplaisir, la dernière partie sombre un peu dans le verbeux et finit par tourner en rond. Cependant, l'idée est intéressante et les conclusions, ma foi, assez édifiantes...

    L'extrait que j'ai choisi se situe au coeur du roman : Joan, partie se promener une fois de plus dans le désert afin de fuir la miséreuse pension où elle tourne en rond, attendant son train, croit s'être perdue.

    Elle pressa le pas. A tout prix, il fallait s'éloigner de cet horrible Relais, de ce tombeau, de cet endroit tellement lugubre où elle étouffait...

    Où l'on imaginerait facilement des fantômes...

    Mais quelle idiotie ! Cette bâtisse portait bien la marque d'une construction récente, vieille tout au plus de deux ans.

    Un édifice neuf ne pouvait être hanté de fantômes, tout le monde le savait.

    Non, s'il y avait des fantômes  au Relais, c'est qu'elle, Joan Scudamore, les créait de toutes pièces.

    Mais cette pensée-là, justement, était odieuse.

    Elle accéléra le pas.

    "En tout cas, se dit-elle résolument, personne ne se moquera de moi, ici. Je suis strictement seule. Je suis sûre de ne rencontrer personne."

    Elle était dans le cas de... Qui donc ? Était-ce Stanley et Livingstone qui s'étaient rencontrés par hasard dans la brousse africaine ?

    "Docteur Livingstone, je présume ?"

    Elle ne courait pas de risque semblable, ici. Le seul être qu'elle pouvait rencontrer, c'était Joan Scudamore !

    Quelle idée baroque ! Rencontrer Joan Scudamore !

    "Ravie de faire votre connaissance, Mrs Scudamore !"

    Au fond, c'était intéressant...

    Faire la connaissance de soi-même...

    Être présentée à soi...

    Mais, Dieu ! quelle horreur !

    Elle marcha de plus en plus vite et en vint presque à courir, en trébuchant un peu. Et ses pensées trébuchaient, comme ses pieds.

    Mary WESTMACOTT, Loin de vous ce printemps, Le Livre de poche, 1944.

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