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venise

  • Le goût de Venise

    Imprimer Catégories : Blowing in the wind

     

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    A bientôt, disons dans... une petite semaine !

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  • Bonjour Venise (F. SAGAN)

    Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

    Encore une fois, ces Cahiers de l'Herne sont une bonne pioche :

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    J'avais déjà évoqué un autre de la collection dans Pourquoi je lis, extrait de De très bons livres. Ici, il s'agit d'un recueil de textes de voyage : New York, mais aussi Naples ou Capri et surtout, Venise.

    Certes Françoise SAGAN ne renouvelle pas le genre du récit de voyage, mais elle sait y apporter son oeil unique et son humour à fleur de page. C'est... juste ! Tout simplement.

    On marche beaucoup à Venise, tout le monde le sait. Attendre le vaporetto est long, on y est entassé, c'est très ennuyeux dès qu'il y a la foule, ce qui arrive onze mois sur douze (le nom du douzièmle mois est très discuté). Il faut se promener à pied donc, dans les ruelles étroites, tortueuses, encombrées de fruits, de miroirs et de fleurs. Les gens sourient et quand par hasard ils sont vénitiens, ils sont beaux. On retombe vite sur l'eau d'ailleurs, on passe des ponts de pierre étraoits, on s'y accoude, pour assister aux démêlés d'un gondolier et d'une Américaine, ou pour regarder la mousse et les coquillages noirs sur la pierre. Tout est léger, rapide. L'apéritif au Florian, bercé par les flonflons d'une musique viennoise, s'impose aussi. On voit passer sur la place des groupes étrangers, on y voit tourner des films, on s'y amuse. Sur les terrasses de la place, les Vénitiennes faisaient bouillir des herbes, trempaient les cheveux dans ces mixtures et les faisaient sécher au soleil, pour obtenir leur fameux blond. Elles se mettaient aussi des tranches de veau cru sur le visage afin de posséder un joli teint. De temps en temps, leurs époux et soupirants s'entre-égorgeaient sur la place pour des raisons politiques. On pense à tout ça en buvant un vermouth blanc, on regarde les pigeons que la célébrité, jointe à la stupidité de leur espèce, a rendus effroyablement prétentieux et encombrants. Ils sont toujours dans vos jambes, ils vous voleraient vos clips si c'était possible.

    Françoise SAGAN, "Bonjour Venise", 1954.

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  • Marchés de Venise (M. DE BLASI)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Il y a des livres d'instinct : Mille Jours à Venise appartient à cette catégorie. On lit "Venise", on aperçoit une photo de cette lagune unique et inimitable et, d'emblée, on tend la main vers le livre.

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    "Ce n'est pas un conte, c'est une histoire vraie. L'enthousiaste et désarmante Marlena, bouleversée par sa rencontre avec son " bel étranger ", va liquider en quelques semaines tout ce qu'elle avait en Amérique, une jolie maison, un charmant restaurant, une brillante carrière de critique gastronomique et de " chef ", pour aller vivre avec lui à Venise. Certes, il y aura pas mal d'obstacles à surmonter, la langue qu'elle ne parle pas, l'appartement sinistre de son mari, la solitude, l'ennui, car elle n'a ni amis ni travail là-bas. Mais Marlena a de ta ressource et elle va nous entraîner dans le récit plein d'humour de ses découvertes, de ses mécomptes, puis de son bonheur à se sentir peu à peu " acceptée ". Jusqu'au jour où l'imprévisible Fernando lui réservera une drôle de surprise..."

    Et on ne regrette pas d'avoir tendu la main. C'est un vrai moment de bonheur que Marlena DE BLASI nous fait partager. Sa rencontre, elle un peu cabossée, lui un peu carapaçonné, avec un bel Italien aux yeux bleus et aux faux airs de Peter Sellers puis son installation, sur un coup de tête comme un coup de foudre, sur l'ïle du Lido, dans l'appartement familial pour le moins rudimentaire. Et c'est la découverte d'une vie quotidienne dans une ville-musée, une ville-cliche presque, que tout le monde croit connaître et qu'elle nous donne à découvrir sous un autre jour.

    Bien sûr, on n'échappe au côté très américain, à ce stylisme très D&Co qui recouvre de tissus les meubles et allume des bougies partout (pour l'ambiance) mais j'ai aimé cette chronique d'une installation et d'une intégration dans un Venise inédite. Marlena DE BLASI joue judicieusement de petites phrases en italien, voire en vénitien, qu'elle s'empresse de traduire pour la couleur locale et son passé de restauratrice et journaliste gastronomique donne beaucoup de saveur(s) à son histoire. Ainsi cette description de marché vénitien :

    MARCHES DE VENISE

    Peut-être que ce que je préfère à tout, sur le marché, c'est l'étal de la marchande d'oeufs, une simple table qu'elle n'installe jamais tout à fait de la même façon. Je vais finir par comprendre que, chaque fois, cela dépend d'où vient le vent, parce qu'elle cherche avant tout à protéger ses poules. C'est fascinant de la voir faire. Tôt le matin, elle arrive de sa ferme située sur Sant'Erasmo, en portant un vieux sac en toile avec cinq ou six volatiles dedans. Elle fourre ledit sac sous la table et se penche pour parler en dialecte vénitien à ses pensionnaires qui caquettent en s'agitant comme des folles : "Dai, dai me putei, faseme dei bei vovi ! Allez, allez, mes bébés, faires-moi de beaux oeufs !" Après quoi, elle s'assoit, attend le client, ais de temps à autre se baisse à nouveau et fouille dans le sac. Sur sa table, elle a posé une pile de carrés de papier journal impecablement découpés dans lesquels elle va envelopper l'un après l'autre chaque oeuf nouvellement pondu, qu'elle déposera ensuite dans un panier en osier tressé, avec la délicatesse, disons, d'une madone de Bellini. [...]

    Les heures passées au milieu de ces hommes et de ces femmes ont quelque chose de lumineux que je garde encore au fond de moi. Ils m'ont appris tant de choses sur la nourriture, sur la cuisine, sur la patience. Ils m'ont parlé de la mer, de l'influence de la lune, de la guerre, de la faim, de grands festins aussi. Ils m'ont raconté leurs histoires, m'ont chanté leurs chansons et, peu à peu, ils sont devenus ma famille et moi j'ai été leur enfant. Je sens encore leurs mains déformées et rugueuses entre les miennes, leurs baisers humides et âcres sur mes joues. Je revois leurs bons yeux un peu délavés à la couleur de base, ceux qui se sont toujours contentés de ce que la vie leur a donné, des descendants de femmes qui n'ont jamais orné leurs cheveux de perles, d'hommes qui n'ont jamais porté d'habits de satin, ni bu de thé au café Florian. Ils sont les autres Vénitiens, ceux qui ont, jour après jour, traversé la lagune pour aller vendre au marché les produits de leur ferme, ne s'arrêtant que pour pécher le poisson du dîner ou réciter une prière dans une petite église isolée. Ils ne sont jamais allés faire un tour sur la piazza San Marco.

    Un jour je passais devant l'étal de Michele. Il était penché sur une pile de petits oignons argentés dont il nouait la tige séchée pour faire une tresse. Sans relever la tête, il m'a tendu d'une main une grappe de tomates minuscules, qui ressemblaient à de tout petits boutons de roses. J'en ai cueillie une que j'ai gardée dans ma bouche un moment avant de la mâcher lentement. Sa saveur et son parfum équivalaient à ce qu'aurait distillé un kilo entier de tomates mûries au soleil et c'était là, dans ce minuscule fruit rouge. Toujours sans me regarder, Michele a demandé : "Hai capito ? Vous avez compris ?" Il voulait dire : "Comprenez-vous qu'il s'agit des meilleures tomates du monde ?" Il savait très bien que je le savais aussi.

    Marlena DE BLASI, Mille Jours à Venise, 2009.

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  • Privés de dessert (D. LEON)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Donna LEON, j'en ai déjà parlé. cette Américaine installé en Italie a le don de vous faire partager ses deux passions (qui sont aussi quelques unes des miennes accessoirement) : Venise et la cuisine. Tout ça sous couvert de romans policiers policiers souvent passionnants avec un héros atypique : l'humaniste et lettré commissaire Guido Brunetti. Chaque roman est l'occasion de faire aimer davantage la ville et... de dénoncer la vie politique et sociale italienne !

    De_sang_et_d__b_ne__D

    Le dernier ne fait pas exception : "Venise, un soir d'hiver. Un vendeur à la sauvette africain est assassiné au beau milieu de Campo San Stefano. Un groupe de touristes américains était sur la place, marchandant des contrefaçons de sacs de marque, mais personne n'a rien vu qui puisse aider la police. Le commissaire Brunetti est chargé de l'enquête et il a du mal à comprendre les raisons d'un tel crime : les immigrants sans papiers vivent repliés sur eux-mêmes dans des squats insalubres, sans contact extérieur... Cela ressemble fort à un règlement de comptes au sein de la communauté et sa hiérarchie lui conseille de laisser tomber ses investigations. Mais Brunetti veut en avoir le cœur net. Il fouille les quelques affaires de la victime et dans une petite boite, il retrouve des diamants bruts dissimulés dans du sel... Qui était réellement cet immigrant ? Et comment s'est-il retrouvé en possession d'un tel trésor ? Et pourquoi cherche-t-on à décourager le commissaire dans son enquête ? "

    L'intrigue est bien mené, Paola, l'épouse de Guido, toujours aussi délicieuse, bref, c'est toujours un bonheur de replonger dans cette atmosphère. Ainsi dans cet extrait où Paola découvre avec horreur que nos enfants ne sont pas toujours tels qu'on le souhaiterait et laissent parfois échapper des mots qui ont d'inattendues conséquences sur les fins de repas... Voici donc :

    PRIVES DE DESSERT

    Chiara reposa sa fourchette dans son assiette : "Je peux aller dans ma chambre ?"

    [...] "Oui", dit Paola.

    Chiara se leva, repoussa avec soin sa chaise sous la table et quitta la pièce. [...]

    Raffi reprit sa fourchette et finit son radicchio, chagrin à l'idée qu'il n'y aurait pas de dessert ce soir, posa ses couverts bien alignés dans son assiette et alla poser le tout dans l'évier. Après quoi, il se réfugia dans sa chambre.

    Brunetti arriva sur les lieux de cette scène une heure et demie plus tard. Réconforté par les arômes qui remplissaient tout l'appartement, il lui tardait de revoir les siens et de parler d'autre chose que de morts violentes. Il se rendit dans la cuisine mais, au lieu de ce qu'il espérait voir - Paola et les enfants arrivés au dessert et attendant avec impatience son retour -, il ne trouva qu'une table vide et des assiettes empilées dans l'évier.

    Il partit à leur recherche dans le séjour, se demandant s'il n'y avait pas quelque chose d'intéressant à la télévision tout en sachant que c'était une impossibilité. il ne trouva que Paola qui lisait, allongée sur le canapé. Elle leva les yeux sur lui. "Tu as peut-être envie de manger quelque chose, Guido ?

    - Je ne dis pas non, mais je voudrais tout d'abord boire un verre pendant que tu m'expliqueras ce qui ne va pas." Il retourna à la cuisine, prit une bouteille de Falconera et deux verres. Il ouvrit la bouteille, n'attendit pas que le vin s'aère et remplit les verres. Il en tendit un à Paola et, quand elle l'eut pris, l'attrapa par la cheville. "Tu as les pieds froids", dit-il. Il prit le vieux châle posé sur le dossier du canapé et lui couvrit les pieds.

    Il s'accorda une bonne rasade - de quoi justifier un petit complément - et dit : "Très bien, qu'est-ce qui se passe ?"

    - Chiara s'est plainte de ce que tu arrives toujours tard, et, quand je lui ai dit que ce soir encore c'est parce que quelqu'un a été tué, elle m'a répondu que c'était "seulement un vu compra*"." Elle avait parlé d'un ton calme, dépassionné.

    "Seulement ?

    - Seulement."

    Brunetti prit une nouvelle rasade, laissa sa tête aller contre le canapé et fit rouler le vin dans sa bouche. "Hum, dit-il finalement, ce n'est pas joli-joli, hein ?"

    Bien que n'étant pas tourné vers elle, il sentit l'acquiescement de Paola à un mouvement du canapé.

    "A ton avis, elle ramené ça de l'école ? demanda-t-il.

    - Forcément. Elle est trop jeune pour être affiliée à la Ligue du Nord.

    - C'est donc quelque chose que ses camarades de classe ont ramené de chez eux, ou quelque chose que les profs ont dit ?

    - L'un ou l'autre, sinon les deux, j'en ai peur, répondit-elle.

    - J'imagine. Qu'est-ce que tu as fait ?

    - Je lui ai dit qu'elle tenait des propos ignobles et que ma fille me faisait honte."

    Il se tourna, sourit, leva son verre et la salua. "Toujours encline à la modération, n'est-ce pas ? [...]

    -Est-ce qu'on va rester là à battre notre couple de mauvais parents et à nous punir en nous privant de dîner ? demanda-t-il finalement.

    - On pourrait, sans doute." Elle avait répondu d'un ton entièrement dénué d'humour.

    " Je n'aime pas trop ni la seconde ni la première de ces idées.

    - Très bien. Je suis restée ici à me morfondre assez longtemps : ça suffira comme punition. On doit au moins pouvoir dîner en paix, je suppose.

    - Bien", dit-il, vidant le fond de son verre avant de se pencher pour reprendre la bouteille.

    Donna LEON, De sang et d'ébène, 2008.

    * vu compra : émigré clandestin

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