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italie

  • Si vous passez par la région lyonnaise...

    Imprimer Catégories : Blowing in the wind

    ... les 7, 8 et 9 Novembre 2008, ne manquez pas de vous arrêter là :

    Salon.JPG

    Le Salon du Livre "Petite Edition - Jeune Illustration" est de retour, et cette année , c'est l'Italie qui est à l'honneur...

    Tous les renseignement sont ici. Comme d'habitude, il y aura des auteurs, des illustrateurs, des éditeurs, plein de livres et surtout, beaucoup d'ateliers : sérigraphie, typographie, création de livre, et plein d'autres encore !

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  • Coup de coeur de la rentrée : Festin à l'italienne (C. GEISSLER)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    La rentrée littéraire est une chose étrange. On vous annonce presque sept cents romans à sortir entre fin août et mi-septembre, et résultat, avez-vous remarqué ? on ne parle que d'une dizaine, voire une quinzaine de ces romans. Christine ANGOT, Amélie NOTHOMB, Olivier ROLLIN, Colombe SCHNECK pour ne citer que les derniers noms que j'ai aperçus ce week end. Entendons-nous bien, loin de moi l'idée de critiquer les noms que je viens de citer. Quoique... Néanmoins je trouve dommage que sur la masse littéraire qui déboule à la rentrée, on ne se concentre que sur les quatre pour cent qui ont la chance d'être soit déjà connus, soit d'avoir les bons amis qui sauront placer leur livre...

    Il se trouve qu'en juin, j'ai eu l'opportunité d'avoir en main quelques des manuscrits de la rentrée. En effet, toujours à l'affût d'opportunités qui me permettront d'avoir toujours plus de livres, j'avais postulé au prix du Roman Fnac 2008 et que, sans prévenir (en fait la lettre est arrivée quinze jours plus tard...), je me suis retrouvé avec cinq romans à lire en un mois. Tout ça pour dire que j'ai trouvé plutôt légère l'organisation du fameux Prix du Roman Fnac. Je ne veux pas faire ma pro des jurys, mais là, franchement, niveau organisation, c'était moyen moyen. Le mieux étant que, dix jours plus tard, j'en ai reçu trois autres (avec toujours la même date-délai) avec pour consigne de les lire, "si je pouvais"... Evidemment je m'exécutais. Et grande fut ma surprise lorsqu'il y a quelques jours, j'ai découvert la "Sélection des Lecteurs et des Adhérents" : aucun des livres que j'avais lus n'y figurait ! Qu'est-ce à dire que ce jury, où tous les membres ne reçoivent pas les mêmes livres ? Et ce qui m'a le plus scandalisé, ce fut de découvrir que deux des romans que j'avais particulièrement appréciés n'étaient pas mentionnés !

    Attention, n'y voyez pas là la marque d'un orgueil exacerbé, qui laisserait croire que seul mon jugement est digne de foi, mais néanmoins, je m'interroge sur une sélection qui a pu laisser passer ce que je tiens pour de bons livres. Plus encore, je m'interroge sur les conditions de distribution des livres : pour quelle raison tous les membres du jury n'ont-ils pas eu les mêmes livres ? Je ne sais pas pas de combien de membres était composé ce jury, mais j'imagine que si seulement trois personnes ont eu les livres que j'ai appréciés alors que dix autres en avaient un autre, les résultats peuvent laisser perplexes...

    En attendant, participer à ce Prix du Roman Fnac m'aura permis de découvrir une pépite, ce qui pour moi est un de mes deux coups de coeur de la rentrée (pour l'autre, attendez la semaine prochaine...) : Lamelles, de Christophe-Till GEISSLER.

    Lamelles.jpg

    "Aimeriez-vous dompter une amanite panthère ou un bolet de lion ? ou bien lire Mallarmé devant un hygrophore des poètes ? Craindriez-vous de rencontrer le rhodopaxille terrible au coin d'un bois ? Combien de temps laisseriez-vous décemment seul à seul le phallus impudique et l'amanite vaginée ? C'est dans le monde étrange et sensuel des champignons, au fil d'une promenade nonchalante pleine de couleurs et d'odeurs bigarrées que Lamellesvous invite. Pastiches, nouvelles, récits et recettes se suivent pour démontrer que le champignon incarne une forme de beauté fragile et rebelle. Plus encore, c'est le pari risqué du champignon en tant qu'objet littéraire qui est tenté dans ces lignes. "

    Disons-le tout net, quand j'ai eu entre les mains ce livre sur les champignons, j'étais loin d'être transportée de bonheur. D'abord parce que les champignons, ce n'est pas trop mon truc : vous remarquerez que je n'ai pas une foule de recettes sur le sujet. Ensuite parce que moi, la cueillette des champignons, j'aime pas ça : aller devoir marcher dans la boue nez au sol pour dénicher des choses dont on n'est même pas sûr qu'elles soient comestibles, très peu pour moi. Enfin parce que les champignons, ce n'est pas franchement glamour ! Enfin c'est ce que je croyais, avant d'ouvrir le livre de Christophe-Till GEISSLER. Et là, j'ai découvert un monde, que dis-je, un univers, une galaxie mycologique !

    Ce livre est un vrai bonheur, à dévorer, à humer, à regarder : sous le couvert d'un itinéraire de vie, l'auteur y déroule une connaissance encyclopédique du sujet, alliée à un vrai bonheur d'amateur : on se régale de ses balades en forêt, on le suit dans ses découvertes, on déguste avec lui les plats aux noms étranges... L'ensemble est servi par une langue superbe, parfois un peu précieuse, mais toujours claire, précise et évocatrice, dans la droite lignée d'une COLETTE (voir ici ou ) si chère à mon coeur. Et je vous le prouve sur le champ, avec cet extrait. Voici donc :

    FESTIN A L'ITALIENNE

    Je me souviens de cette petite auberge isolée au sommet d'une colline, en Ombrie. Tout autour, une terre nue, caillouteuse, ocre clair, traversée de larges veines d'argile gris-bleutées. Paysange lunaire, presque dépourvu d'arbres, à l'exception, çà et là,de bouquets de chênes rabougris. Il faisait un grand ciel bleu d'avril, mais un vent frais et sec rappelait l'altitude du lieu. Il avait fallu rouler plusieurs kilomètres sur un chemin de terre serpentant au milieu de landes dépouillées pour atteindre le sommet de cette éminence, d'où s'offrait une vue aérienne sur la petite ville de Norcia, non loin de Perugia. [...]

    La femme de l'auberge annonça la composition du menu, soumis au suffrage familial : charcuterie de pays ; bar farci aux herbes ; pappardelle sul leppore, ou pâtes fraîches au lièvre ; salade aux noix ; fromages locaux et vieux parmesan ; sabayon arrosé de grappa et d'amaretto. et comme Orfeo allait s'indigner de la platitude des entrées, l'aubergiste sortit sa botte secrète, sûre de son effet :

    "Antipasto : bruschette di Norcia..."

    Les uns et les autres échangèrent des regards complices, discrètement satisfaits. Orfeo approuva d'un simple hochement de tête. On nous apporta presque aussitôt une assiette couverte d'une généreuse pile de tartines d'un noir brillant d'onyx, bien plus nombreuses que les convives présents. Imitant mes hôtes, j'attrapai une de ces larges tranches de pain grillées, encore tièdes. La mie n'était plus visible, totalement enfouie sous un hachis obscur, dans lequel des morceaux de la taille d'une tranche d'une petite pomme de terre, émergeaient d'un mortier sombre et granuleux, de la même couleur noir profond. Les reflets brillants trahissaient l'huile d'olive dont la préparation avait été généreusement arrosée.

    Des croûtes aux truffes noires de Norcia, voilà ce que l'on nous avait servi. J'étais suffoqué, tant le parfum sauvage qui se répandait avec force, que par l'idée de la quantité fabuleuse de truffes qu'il avait fallu pour préparer ces tartines. Rien à voir avec tant de plaisanteries anecdotiques déjà vues où la truffe n'est plus qu'un vague souvenir, à peine entrevue en lamelle mince dans son pâté en gelée. Le propos était ici d'en livrer honnêtement, sérieusement, toute la substance, d'en faire sentir la rusticité terrienne, la consistance, la granulosité, la violence, l'accord sensuel avec le parfum d'herbe fraîche de l'huile vierge, le grain de gros sel, et le croquant du pain de campagne légèrement grillé. Une authentique Leçon de Truffe. Je n'avais de ma vie jamais rien mangé de comparable.

    Christophe-Till GEISSLER, Lamelles, 2008.

    Et puis, je ne suis pas finalement la seule à avoir aimé, Cathulu aussi !

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  • Privés de dessert (D. LEON)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Donna LEON, j'en ai déjà parlé. cette Américaine installé en Italie a le don de vous faire partager ses deux passions (qui sont aussi quelques unes des miennes accessoirement) : Venise et la cuisine. Tout ça sous couvert de romans policiers policiers souvent passionnants avec un héros atypique : l'humaniste et lettré commissaire Guido Brunetti. Chaque roman est l'occasion de faire aimer davantage la ville et... de dénoncer la vie politique et sociale italienne !

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    Le dernier ne fait pas exception : "Venise, un soir d'hiver. Un vendeur à la sauvette africain est assassiné au beau milieu de Campo San Stefano. Un groupe de touristes américains était sur la place, marchandant des contrefaçons de sacs de marque, mais personne n'a rien vu qui puisse aider la police. Le commissaire Brunetti est chargé de l'enquête et il a du mal à comprendre les raisons d'un tel crime : les immigrants sans papiers vivent repliés sur eux-mêmes dans des squats insalubres, sans contact extérieur... Cela ressemble fort à un règlement de comptes au sein de la communauté et sa hiérarchie lui conseille de laisser tomber ses investigations. Mais Brunetti veut en avoir le cœur net. Il fouille les quelques affaires de la victime et dans une petite boite, il retrouve des diamants bruts dissimulés dans du sel... Qui était réellement cet immigrant ? Et comment s'est-il retrouvé en possession d'un tel trésor ? Et pourquoi cherche-t-on à décourager le commissaire dans son enquête ? "

    L'intrigue est bien mené, Paola, l'épouse de Guido, toujours aussi délicieuse, bref, c'est toujours un bonheur de replonger dans cette atmosphère. Ainsi dans cet extrait où Paola découvre avec horreur que nos enfants ne sont pas toujours tels qu'on le souhaiterait et laissent parfois échapper des mots qui ont d'inattendues conséquences sur les fins de repas... Voici donc :

    PRIVES DE DESSERT

    Chiara reposa sa fourchette dans son assiette : "Je peux aller dans ma chambre ?"

    [...] "Oui", dit Paola.

    Chiara se leva, repoussa avec soin sa chaise sous la table et quitta la pièce. [...]

    Raffi reprit sa fourchette et finit son radicchio, chagrin à l'idée qu'il n'y aurait pas de dessert ce soir, posa ses couverts bien alignés dans son assiette et alla poser le tout dans l'évier. Après quoi, il se réfugia dans sa chambre.

    Brunetti arriva sur les lieux de cette scène une heure et demie plus tard. Réconforté par les arômes qui remplissaient tout l'appartement, il lui tardait de revoir les siens et de parler d'autre chose que de morts violentes. Il se rendit dans la cuisine mais, au lieu de ce qu'il espérait voir - Paola et les enfants arrivés au dessert et attendant avec impatience son retour -, il ne trouva qu'une table vide et des assiettes empilées dans l'évier.

    Il partit à leur recherche dans le séjour, se demandant s'il n'y avait pas quelque chose d'intéressant à la télévision tout en sachant que c'était une impossibilité. il ne trouva que Paola qui lisait, allongée sur le canapé. Elle leva les yeux sur lui. "Tu as peut-être envie de manger quelque chose, Guido ?

    - Je ne dis pas non, mais je voudrais tout d'abord boire un verre pendant que tu m'expliqueras ce qui ne va pas." Il retourna à la cuisine, prit une bouteille de Falconera et deux verres. Il ouvrit la bouteille, n'attendit pas que le vin s'aère et remplit les verres. Il en tendit un à Paola et, quand elle l'eut pris, l'attrapa par la cheville. "Tu as les pieds froids", dit-il. Il prit le vieux châle posé sur le dossier du canapé et lui couvrit les pieds.

    Il s'accorda une bonne rasade - de quoi justifier un petit complément - et dit : "Très bien, qu'est-ce qui se passe ?"

    - Chiara s'est plainte de ce que tu arrives toujours tard, et, quand je lui ai dit que ce soir encore c'est parce que quelqu'un a été tué, elle m'a répondu que c'était "seulement un vu compra*"." Elle avait parlé d'un ton calme, dépassionné.

    "Seulement ?

    - Seulement."

    Brunetti prit une nouvelle rasade, laissa sa tête aller contre le canapé et fit rouler le vin dans sa bouche. "Hum, dit-il finalement, ce n'est pas joli-joli, hein ?"

    Bien que n'étant pas tourné vers elle, il sentit l'acquiescement de Paola à un mouvement du canapé.

    "A ton avis, elle ramené ça de l'école ? demanda-t-il.

    - Forcément. Elle est trop jeune pour être affiliée à la Ligue du Nord.

    - C'est donc quelque chose que ses camarades de classe ont ramené de chez eux, ou quelque chose que les profs ont dit ?

    - L'un ou l'autre, sinon les deux, j'en ai peur, répondit-elle.

    - J'imagine. Qu'est-ce que tu as fait ?

    - Je lui ai dit qu'elle tenait des propos ignobles et que ma fille me faisait honte."

    Il se tourna, sourit, leva son verre et la salua. "Toujours encline à la modération, n'est-ce pas ? [...]

    -Est-ce qu'on va rester là à battre notre couple de mauvais parents et à nous punir en nous privant de dîner ? demanda-t-il finalement.

    - On pourrait, sans doute." Elle avait répondu d'un ton entièrement dénué d'humour.

    " Je n'aime pas trop ni la seconde ni la première de ces idées.

    - Très bien. Je suis restée ici à me morfondre assez longtemps : ça suffira comme punition. On doit au moins pouvoir dîner en paix, je suppose.

    - Bien", dit-il, vidant le fond de son verre avant de se pencher pour reprendre la bouteille.

    Donna LEON, De sang et d'ébène, 2008.

    * vu compra : émigré clandestin

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