Index des voyages
Voici tous les lieux dont j'ai parlés :
- L'Irlande ici
- La Normandie là
- Le Mali, avec Bamako, Siby, Ségou, Ségou encore, et la cuisine du Mali.
- La Corse, avec le Cap corse, la côte orientale et occidentale.
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Voici tous les lieux dont j'ai parlés :
Voyager, c'est découvrir de nouvelles saveurs, de nouvelles odeurs. En cela, c'est un plaisir de se promener dans Bamako quand midi approche. Les effluves nous environnent de toutes parts. Accroupies sur le sol, les femmes s'affairent autour de leur poêle ronde où frémit l'huile et où rôtit le poulet. Se promener à Bamako vers midi, c'est une torture !
Les amis qui nous accueillaient nous ont permis de découvrir un peu de la cuisine malienne. Au premier apéritif - à ce moment-là, nous étions encore sous le coup du décalage climatique - ce fut le jus de bissap, écarlate, à la fois acidulé et sucré, issu de la fleur d'hibiscus. Puis le soir, nous découvrîmes un maquis, c'est-à-dire un restaurant local, qui nous servit des poulets-bicyclette (c'est ainsi que l'on nomme ces petits poulets) avec de l'atiéké, autrement dit de la semoule de maïs. Le tout accompagné de légumes de saison, oignons, poivrons, concombres, tomates... Le repas se prend autour du grand plat, on mange avec la main droite et, à la fin, on vous amène une cuvette et un broc d'eau pour se laver les mains. Castel de rigueur pour accompagner le repas...
Mais à la maison, c'est Julienne qui officiait derrière les fourneaux, et elle nous a régalé de spécialités locales. Le premier jour, ce furent des brochettes de boeuf délicieusement fondantes, au parfum citronné incomparable.
Puis nous découvrîmes le yassa, cuisiné avec du citron, de l'oignon et multitudes d'épices écrasées au pilon. C'était d'ailleurs le signal que nous allions nous régaler, lorsque nous entendions le pilon résonner dans la cuisine. Cédric a testé le maniement du pilon et en a été convaincu... La viande, encore une fois marinée, puis mijotée, et servie avec cette sauce aux oignons, à la fois doux et croquants, était un pur bonheur !
Et puis encore un monstrueux plat de poulet à la braise, servi avec l'atiéké...
Chaque plat était toujours accompagné d'une salade de crudités (tomates, concombre, oignons, poivrons) et bien sûr, la saison des fruits battant son plein, nous nous sommes régalés de mangues, d'ananas ou encore de papaye arrosée de citron vert - et n'oublions pas les petites bananes plantain... C'était régime fruits dès le petit-déjeuner !
Je concluerai ce chapitre "gastronomique" en évoquant les jus de fruits inédits que nous avons pu goûter : le jus de baobab - ou pain de singe - ou encore celui de tamarin ou de gingembre. Et puis les fabuleux beignets achetés dans la rue, croustillants, à peine relevés, à la viande et à l'oeuf.
La cuisine malienne emprunte beaucoup aux cuisines du Sénégal ou de la Côte-d'Ivoire, d'après ce que j'ai cru comprendre. La chose qui m'a le plus étonnée, c'est qu'elle est épicée mais pas relevée. Le piment est présent, mais pas envahissant, même si on peut toujours en rajouter. Ses sauces sont souvent douces, sans être sucrées, et accompagnent parfaitement la semoule ou le riz traditionnellement servis. Nous ne remercierons jamais assez Julienne de nous avoir permis de goûter tout ça...
Autres cartes postales : Bamako - Siby - lever de soleil à Segou - Journée à Ségou
Le lundi à Ségou, c'est jour de marché. Du surcroît, c'est aussi celui des potiers, dont le village se trouve de l'autre côté du Niger. Dès le lever du soleil, on voit les gens affluer vers les berges du fleuve, où se tient ce marché :
Les étals se montent...
Les pirogues déchargent leurs marchandises...
Les femmes commencent à regarder...
Les pêcheurs lancent leurs filets...
Nous avons choisi de faire une balade en pirogue en fin de matinée...
... qui nous a mené dans un village de pêcheurs...
... avant de nous ramener au marché des potiers.
Puis ce fut le retour sur Bamako, avec une halte à la coopérative des femmes de Ségou, qui réalisent des bogolans, ces tissus traditionnels d'Afrique de l'Ouest dont les motifs sont créés à base d'argile et de teintures naturelles.
J'ai pris le grand avion blanc du lundi
Qu'on regardait se perdre à l'infini
J'suis arrivé dans le froid des villes
Chez les touristes et les automobiles
Loin de mon ancienne vie
[...] Moi je courais sur ma plage abritée des alizés
Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler
Puis le hasard a croisé ma vie
J'suis étranger partout aujourd'hui,
Est-ce un mal, un bien ?
C'est ainsi
Jean-Jacques GOLDMAN, "Le Coureur", En passant, 1997.
Autres cartes postales : Bamako -Siby - Lever de soleil à Segou - La cuisine de Julienne
Ah, l'Afrique et ses fétiches... terrifiants.
Nous nous levons à sept heures du matin pour prendre le vol d'Air Afrique. A Bamako, je salue en bambara et nous passons la douane en cinq minutes. Je négocie un taxi jusqu'à Segou et à deux heures et demie nous sommes déjà en route. Surpris par mon efficacité, je fais des plans pour la nuit... A 80 kilomètres de Bamako, la voiture s'arrête. Après des heures de galère, nous prenons un taxi-brousse jusqu'à Fana, et à Fana un autre avec dix-sept personnes derrière et cinq devant jusqu'à Segou. Nous arrivons à dix heures du soir."
Miquel BARCELO, Carnets d'Afrique, 2003.
On nous l'a dit : "Jamais personne n'arrive à Ségou du premier coup." Nous n'avons pas failli à la règle...
Sitôt dépassé Fana, notre voiture se mit à fumer noir, résultat : un joint de culasse et une auto immobilisée. Nous ne dûmes notre salut qu'au bus qui passait et partait vers Ségou : certains montèrent, d'autres se répartirent dans la voiture restante, et c'était parti.
Nous sommes arrivés à Ségou pour le coucher du soleil.
Première impression : le Niger, immense, démesuré, s'étendant à perte de vue...
La beauté, la majesté du paysage, sa sérénité aussi nous donnèrent envie de le découvrir à l'aube et c'est ainsi que le lendemain matin, nous étions sur ses rives.
Moment magique que celui où tout s'éveille. Dans la pénombre, on distinguait les gens rassemblés autour de leur brasero. Puis les silhouettes qui commençaient à aller et venir vers le fleuve qui pour se laver qui pour rincer la vaisselle...
Les pirogues recommencèrent à circuler...
Et le soleil pointa son nez :
Enfin le fleuve dit noir devint bleu sous la lumière du levant :
Aube
J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
[...]
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. À la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
[...]
Au réveil il était midi.
Arthur RIMBAUD, Illuminations, 1873-1875.
Autres cartes postales : Bamako -Siby - Journée à Ségou
Quitter Bamako pour aller à Siby, c'est découvrir l'Afrique telle qu'on se l'imagine.
C'est d'abord sortir de la ville :
Et puis découvrir, après la route goudronnée, la piste et ses villages :
C'est enfin l'arrivée à Siby, au pied des monts mandingues, où l'on profite du marché du samedi pour compléter le pique-nique...
...avant de reprendre la route vers l'arche de Kamadjan, traversant toujours quelques villages :
Où l'on peut jouer au baby foot...
... et où le bétail sait trouver l'ombre...
Et puis c'est l'approche de l'arche...
... avec une vue à couper le souffle :
Le pique-nique se fera à l'ombre des rochers, les yeux empli du panorama somptueux.
Kamadjan fut un guerrier de Sounjata Keita, le premier empereur du Mali. La légende veut qu'il ait percé d'un coup de poing la montagne pour prouver sa force et son courage.
La nuit, on dit que les esprits des ancêtres de Siby se transforment en lions et viennent roder autour de l'arche...
Du coup, on remballe ses affaires et on retourne en bas, à Siby où le marché est toujours aussi coloré...
... et pittoresque :
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"Première fois en Afrique ?"
Cette phrase, nous allons beaucoup l'entendre lors de notre séjour au Mali. Comme si elle pouvait justifier de nos yeux perpétuellement écarquillés, ne pouvant croire ce qu'ils voient. Arriver à Bamako-Sénou, l'aéroport, c'est d'abord pour les Toubabs qui viennent de quitter Roissy sept heures plus tôt une amplitude thermique de 35 degrés : moins 5° à Paris, plus 35° à Bamako !
Ensuite, c'est la découverte d'une capitale africaine. Passé le pont du roi Fahd, arrivant de l'aéroport, on découvre une ville de plus d'un million d'habitants où les rues ressemblent à ça :
Quelques voies goudronnées et de la latérite écarlate partout ailleurs...
Où les cabines téléphoniques s'appellent "espoir" :
Et les quincailleries aussi d'ailleurs...
Où les automobiles côtoient les charrettes tirées par des ânes, où le bétail se tient près des étals... Où Jumbo et Maggi sont les incontournables de la cuisine...
Où les femmes ont un port de reine...
Où les marchés sont foisonnants, que ce soit celui de Médine, tout empli d'odeurs et curieusement frais sous ses tôles :
Ou la Maison des Artisans :
Et ses murs de masques :
Chaque jour, vous m'entendez, chaque jour nous passions au moins une heure au marché [...], l'un des spectacles multicolores dont l'Afrique a le secret.
[...], main dans la main nous plongions. Le désordre géant était soigneusement protégé du soleil par des auvents de bambous ou de tôles. Nos yeux prenaient du temps pour s'habituer à la pénombre. L'accoutumance faite, ils s'émerveillaient.
Tout.
Tout ce que les habitants de la Terre s'acharnent à produire, pécher ou récolter, l'utile et l'inutile. Tout, arrivé là on ne sait comment, dans la grande ville la plus pauvre du pays le plus pauvre du continent le plus pauvre.
Tout ou presque.
Dix-sept espèces de poissons séchés et de l'eau thermale Avène pour les peaux à tendance kératosique, des verres de vision en vrac et des hachoirs à viande allemand, des activateurs biovégétaux du blanchiment de peau (sans hydroquinone), des bicyclettes de Corée et des bassines pleines de globes oculaires sanguinolents, savourés par les mouches en attendant le client, des plaquettes de comprimés sécables Tegretol 400 mg à peine périmés, et des soutiens-gorge démesurés, des pintades égorgées de frais pendues à des roues de mobylette, des tomes III de l'Encyclopaedia Universalis (de "Barrage" à "Causalité") et des foetus de chauve-souris, des peignes de toute taille (rabais pour les dents cassées) et des commodes roses à miroirs incrustés et tiroirs qui ferment... Etc..., etc...
Et l'ensemble à profusion.[...]
- Tu vois, Michel, je vais t'apprendre une chose curieuse : plus les pays sont pauvres, plus les marchés sont riches.
Il réfléchissait, fronçait son petit front.
- En effet, Maama, ça, c'est curieux !
Cette surabondance l'enchantait, je le jure, mais lui donnait aussi le vertige. Je le sentais tanguer. Nous nous appuyions tant bien que mal contre une montagne instable de calebasses.
Éric ORSENNA, Madame Bâ, 2003, éditions Fayard-Stock
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Non, je ne connais pas l'Afrique (noire)
M - Mama Sam
Mais j'y vais...
En attendant, je serai là.