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Sandwich et papier aluminium (O. ADAM)

Imprimer Catégories : Littérature gourmande

Cela a d'abord été une chanson persistante qui vous entre dans la tête et ne vous lâche pas.

Puis un film dont on se souvient longtemps après l'avoir vu.

Je vais bien, ne t'en fais pas.jpg

C'est enfin un livre que j'ai découvert, après avoir longtemps tourné autour:

"Une autre lettre de Loïc. Elles sont rares. Quelques phrases griffonnées sur un papier. Il va bien. Il n'a pas pardonné. Il ne rentrera pas. Il l'aime. Rien d'autre. Rien sur son départ précipité. Deux ans déjà qu'il est parti. Peu après que Claire a obtenu son bac. A son retour de vacances, il n'était plus là. Son frère avait disparu, sans raison. Sans un mot d'explication. Claire croit du bout des lèvres à une dispute entre Loïc et son père. Demain, elle quittera son poste de caissière au supermarché et se rendra à Portbail. C'est de là-bas que la lettre a été postée. Claire dispose d'une semaine de congé pour retrouver Loïc. Lui parler. Comprendre."

Parce que pour l'avouer tout net, Olivier ADAM, ça me faisait un peu peur. Trop de noirceur, trop de pesanteur. Plusieurs fois j'ai ouvert Des Vents contraires pour le refermer, par peur de ce que j'allais y trouver. C'est Clarabel, je crois, qui m'a suggéré de commencer par Je vais bien, ne t'en fais pas. Bonne idée. Sage idée. Car j'ai été immédiatement happée par l'histoire (que je connaissais pourtant) et surtout par l'écriture.

Quelque chose d'indescriptible, une parole qui semble couler de source tant elle est proche de la nôtre et du quotidien. Les mots d'Olivier ADAM sont ceux du quotidien, du fil des jours, mais il a l'art de faire surgir le petit fait, le "petit rien" cher à Gainsbourg ( "Rien c'est bien mieux C'est bien mieux que tout") au coeur d'une parole qui file parfois à perdre haleine, jusqu'à l'essoufflement. Les mots d'Olivier ADAM nous touchent, parce qu'ils sont les nôtres ou ceux de gens que nous connaissons, forcément.

"Si je choisis d'écrire sur un certain type de personnages, c'est parce qu'ils me touchent, expliquait-il à Stéphanie JANICOT dans la magazine MUZE. Et s'ils me touchent, c'est parce qu'ils sont fragiles, mal armés et livrés et aux vents contraires." C'est exactement le cas de Claire, perdue sans son frère, perdue dans sa vie et désorientée. Fragile comme la flamme d"une bougie, elle continue cependant de se consumer et brille, vaille que vaille. jusqu'à ce que...

SANDWICH ET PAPIER ALUMINIUM

Paul ouvre la porte du garage. Il fait encore frais, le soleil est pâle et une odeur de feuilles brûlées, de brume de septembre en banlieue se fait sentir. La Clio vert bouteille se fait un peu prier. Paul la laisse immobile, moteur allumé, sur le trottoir. Il referme la porte qui grince, et rejoint Irène, dans la cuisine, où un petit poste de radio diffuse les informations. Irène enroule les sandwichs dans du papier d'aluminium, les place dans un sac plastique. Elle y ajoute deux nectarines, une bouteille d'eau, un paquet de galettes Saint-Michel. Elle tend le sac à Paul, qui le pose près de lui, sur la table blanche. Il prend Irène dans ses bras. Ils se serrent sans rien dire, se regardent doucement. Paul essuie d'un doigt léger une larme sur le visage d'Irène, puis il sort de la pièce, choisit dans le salon une cassette de Brel, le seul chanteur, avec Barbara, pour lequel Loïc, Claire, Irène et lui entretiennent une commune passion. Plus que ses chansons encore, Loïc aimait l'entendre parler. Il avait ainsi une dizaine de cassettes d'entretiens. Paul a parfois tenté d'y trouver une réponse au départ de son fils. Il y en avait trop, et aucune ne semblait décisive. Ou toutes l'étaient...

Paul a fait un signe à Irène. A ce soir. Surtout, sois prudent. La Clio s'est éloignée. Irène est rentrée dans la maison, s'est préparée un café. Elle estrestée longtemps les deux mains collées au bol fumant, à regarder par la fenêtre où le vert des feuillage était chahuté par la pluie. Paul a roulé sans vraiment s'en rendre compte, le regard dans le vague, les gestes machinaux.

Olivier ADAM, Je vais bien, ne t'en fais pas, 1999.

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Commentaires

  • un film poignant. Ca me donne envie de découvrir l'auteur.

  • J'avais beaucoup le film, mais je n'ai toujours pas découvert l'auteur Olivier Adam. Pourtant, ce n'est pas comme si les sujets qu'il traite ne m'intéresse pas, bien au contraire. Mais le temps passe trop vite...

  • Aneth et Yohan, n'hésitez plus ! Les deux sont à la fois semblables et différents mais tout aussi forts.

  • J'aime beaucoup cet auteur, mais je commence à "saturer" ? ... Je ne sais pas, maintenant je lis ses derniers romans et cela me déprime à chaque fois.
    Avant, cela le faisait moins ! ://
    Ou bien j'ai changé ?
    Bref, ça suffit ma thérapie à deux balles, il faut découvrir cet auteur, c'est vrai, et je conseille de lire ses premiers écrits et aussi ses romans pour la jeunesse (école des loisirs, coll. medium) !!!

  • Clarabel, tu fais une indigestion d'Adam. L'ordonnance : du repos et un retour aux sources !

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