Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Une glace vanille fraise (C. SCHNECK)

Imprimer Catégories : Littérature gourmande

A priori étaient réunis tous les ingrédients qui me plaisaient : un récit sur l'enfance heureuse, une nostalgie qui ressurgit, une auteur au joli prénom :

Val de Grâce.jpg

"Est-ce qu'on me pardonnera d'avoir été aimée à ce point ? se demande la narratrice. Est-ce qu'on lui pardonnera la chance inouïe d'avoir passé les vingt-trois premières années de sa vie au « Val de Grâce » ?
Comment oublier 200 mètres carrés dans un immeuble haussmanien, rue du Val de Grâce, au coeur de la capitale ? Comment oublier les odeurs, le toucher d'un appartement dont on connaît le moindre recoin, la moindre éraflure ? Les nombreux meubles, l'accumulation des objets, l'originalité des décors, le papier doré et argenté des murs ? Comment oublier l'enfance heureuse, préservée, qui donne droit à tout : aux confiseries et à la boulangerie à compte ouvert ; à la patience de Madame Jacqueline ; aux rêves de princesse de contes de fées ?
Au Val de Grâce, tout devient beau, tout y est magique. Tout paraît éternel. Les enfants ne voient pas le manque d'argent. L'usure, le temps qui passe. On ne leur raconte pas la douloureuse histoire familiale, les parents juifs immigrés fuyant la Shoah.
Mais cette histoire a son terme au bout de vingt ans. La disparition de la mère sonne la dernière fête, puis la liquidation du Val de Grâce. C'est l'enfance qui s'en va, les traces des parents, les souvenirs joyeux. Chez soi, en soi, on conserve un mini Val de Grâce, de précieuses reliques. Un jour, alors que la vie est en miettes, on comprend qu'il faut liquider Val de Grâce, le faire revivre une dernière fois pour mieux refermer la porte sur le passé."

Et pourtant, ça n'a pas vraiment marché. Je ne suis pas parvenue à entrer dans ce récit qui oscille entre rêve et réalité, qui raconte une enfance émerveillée mais inconsciente, et qui cherche à la fois à se racheter de n'avoir pas su le savourer "sur le coup" et en même temps pleure le bonheur perdu. Bien sûr, c'est un paradis que décrit Colombe Schneck, mais c'est un paradis au goût trop sucré, comme ces gâteaux de mariage meringue, avec plein de crème et des fleurettes en sucre. "Est-ce qu'on me pardonnera d'avoir été aimée à ce point ?" - en fait, on s'en fiche un peu...

Un exemple parmi d'autres : afin de convaincre sa fille d'apprendre une poésie, ce qu'elle refuse, son père lui promet de l'emmener voir "sur place" le monstre du Loch Ness. Ils arrivent à Londres...

UNE GLACE VANILLE FRAISE

C'est la première fois que je prends l'avion.

Les hôtesses portent des kilts bleu et vert. Je suis la seule fille de mon âge dans l'avion et, comme les hôtesses que j'observe avec admiration, je porte un kilt. Le mien est rouge.

A peine étonnée que tout cela m'arrive. Je suis unique, première au concours de la fille la plus heureuse du monde. Normal que mon père s'occupe de moi de manière exceptionnelle, que nous logions dans le plus bel hôtel, que nous roulions dans la voiture la plus élégante devant Buckingham Palace au moment même où le cadet des princes, Edward, sort de chez lui.

Il n'a que trois ans de plus que moi. l'âge idéal pour être mon prince charmant. La Rolls royale s'arrête. Le prince est suivi de son aide de camp et de son précepteur. Tous les deux en redingote et chapeau haut-de-forme. Edward est le moins formel. A douze ans, il est vêtu d'un costume en tweed vert et a noué une cravate du même écossais rouge que mon kilt. Le kilt rouge est celui du clan de son oncle préféré, lord Mountbatten.

Il me propose une visite du palais. Mon père décline l'invitation. Nous devons prendre un autre avion pour rejoindre l'Ecosse, mais il invite le prince Edward dans notre château personnel du Val de Grâce. Arrivée enfin au bord du loch Ness, je ne me souviens que d'une chose, un brouillard très humide permet au monstre, assure mon père, de mieux se cacher.

Heureusement, au restaurant de l'hôtel, on me sert une glace vanille fraise. J'ai encore son goût un peu douceâtre, trop de lait, dans la bouche. Le goût d'une vie trop sucrée.

Colombe SCHNECK, Val de Grâce, 2008.

14 commentaires Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • ... je crois que j'aime trop le sucre ! :)) , dit Clarabel qui habite aujourd'hui Paris, après un passage éclair à Prunay-le-Temple.

  • Clarabel est décidément une grande voyageuse ! :-)
    Mais je me souviens que tu avais été beaucoup plus conquise que moi par l'ouvrage... Moi, c'est vrai, je suis plus salée : un bon saucisson, il n'y a que ça de vrai !

  • Et du haggis, pourquoi pas du haggis puisqu'on est en Ecosse.
    Je suis assez d'accord, ca semble un peu trop suave.

  • Du haggis et et des shortbreads, voilà de l'Ecossais !

  • ... mais j'aime aussi le salé ! :D

    (Par contre je ne suis pas friande du mélange sucré / salé !)

  • Moi non plus, nous voilà enfin d'accord ! Et tu venais d'où, cette fois ?

  • Aujourd'hui je suis à Aniche, dans le Pas-de-Calais (le département où je suis née !!!! ) :o)

  • C'est marrant mais le sujet ne me tente pas !!
    Ton post sur le sucré me conforte dans mon idée !!

  • c'est marrant, il m'a tenté puis finalement non. J'attendrai donc de le trouver à la médiathèque!

  • C'est vrai que comparé aux affres du monde (réel) qui nous entoure, ce sujet d'écriture paraît bien futile. J'ai les mêmes impressions que toi.

  • C'est bizarre mais moi ça m'a donné envie de le lire ce livre...mais je te fais confiance et pas question que je me lance dans une déception, je déteste ça...être déçue!

  • Ah non, surtout ne te laisse pas influencer ! Si tu as envie de le lire, et que l'extrait t'a plu, vas-y! d'ailleurs plein de gens très bien l'ont beaucoup aimé, ce livre, n'est-ce pas, Clarabel ?

  • j'ai aimé ce livre, qui, malgré le sucré...a un gout de tragique avec la maladie affreuse de la mère

  • C'est vrai, mais le tragique de cette maladie n'est pas parvenu à me faire oublié le "sucré", qui virait du coup au douceâtre...

Les commentaires sont fermés.