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Les Faiseurs d'anges (K. NELSCOTT)

Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

C'est d'abord un titre un peu dérangeant : Les Faiseurs d'ange et une couverture qui interpelle, avec ses chaussons d'enfant.

Les_Faiseurs_d_ange

C'est ensuite un univers sur lequel la littérature policière contemporaine n'a pas tant écrit que cela : l'avortement dans la société américaine de la fin des années Soixante, et la ségrégation toujours larvée. Un épisode de la série Cold Case, diffusé cet hiver traitait du même sujet, avec une bande-son absolument fantastique (Marvin GAYE, PROCOL HARUM ou encore James BROWN).

L'histoire ? "Smokey Dalton, un très bel homme qui fait tourner la tête de toutes ces dames, a fui Memphis pour protéger son fils adoptif, Jimmy, unique témoin à avoir réellement vu l'assassin de Martin Luther King, et recherché depuis par le FBI. Sous une fausse identité, Smokey vit maintenant à Chicago où il exerce divers petits métiers. Un soir, alors qu'il rentre chez lui accompagné de la jolie Laura Hathaway, seule Blanche présente au gala donné par Ella Fitzgerald en faveur des enfants orphelins de la communauté noire, il entend des gémissements venant de l'appartement de sa voisine, Marvella... Kris Nelscott poursuit le récit des formidables enquêtes de son héros, qui débutent en 1968 avec la tragique disparition du leader de la communauté noire américaine. Dans Les Faiseurs d'anges, elle évoque un terrible drame : celui des avortements, formellement interdits, qui se terminent trop souvent à l'hôpital. Une nouvelle fois, le lecteur suit avec passion, dans une Amérique confrontée à ses éternels démons, les aventures de Smokey Dalton, éblouissant d'intelligence et... d'humanité."

J'ai effectivement beaucoup apprécié la peinture de cette société américaine qui n'en finit pas d'en finir avec son passé ségrégationniste. J'ai aimé vivre "en vrai" par le biais de la littérature cette époque où la société noire américaine devait panser ses plaies (assassinat de Martin Luther King) et affronter l'émergence d'une nouvelle époque, plus revendicative et plus violente (le recrutement des enfants par les gangs sous couvert de les protéger et les éduquer). Grâce à ce roman, j'ai compris à que c'était à ce moment-charnière que c'était mis en place le monde que nous connaissons aujourd'hui aux USA - et ailleurs. Pour le reste, l'intrigue policière ne m'a pas complètement convaincue mais à la limite, c'était secondaire tant la peinture sociale et sociologique était intéressante.

Ainsi un extrait d'une conversation entre le héros-narrateur de l'histoire, sa petite amie Laura et la voisine chez qui il a découvert une jeune femme ensanglantée qu'il a menée à l'hôpital.

Marvella adressa un signe de tête à Laura. "Vous n'avez qu'à lui expliquer."

Laura redressa les épaules, se pencha légèrement en arrière de manière à pouvoir mieux me voir. "Je ne sais pas si ce sont les consignes de l'hôpital ou la politique des médecins, mais il arrive parfois -

- Toujours, dit Marvella. Ils le font systématiquement."

Laura secoua la tête. "Pas toujours.

- Sur les femmes noires -

- Et sur les femmes pauvres, enchaîna Laura . Mais certaines femmes parviennent à l'éviter. D'après ce que je sais, Cook County est le pire à cet égard. J'ai pensé que nous ne risquions rien en l'amenant ici, mais, quand nous sommes arrivés, je n'en étais plus aussi sûre."

De nouveau, elles recommençaient à parler par codes.

"Est-ce que vous allez enfin m'expliquer comment ils pouvaient la punir ?" dis-je.

Marvella me regarda : son expression était dure et ses yeux brillaient de quelque chose bien plus fort que la simple colère. C'était quasi de la rage.

"Ils vont la stériliser", dit Marvella.

Je reculai, horrifié autant par le ton de sa voix que par ses paroles. Je n'avais jamais perçu autant de haine dans sa voix.

"C'est pour ça que je ne voulais pas qu'elle aille en chirurgie, Bill. Parce qu'ils vont décréter qu'elle est indigne d'être mère ; et ils vont décider que, puisqu'elle ne voulait pas de celui-là, elle n'aura pas le droit d'en avoir d'autres. Et ils vont la priver de la chance d'avoir des enfants? Pour toujours."

Je laissai échapper un rire nerveux. "Ils n'ont pas le droit de faire ça.

- Je ne sais pas s'ils en ont le droit, confirma Laura. Mais ils le font. Je connais une femme à qui cela est arrivé."

Kris NELSCOTT, Les Faiseurs d'anges, éditions L'Aube noire, 2007.

Et pour le plaisir, de la série et de U2 :

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Commentaires

  • Intéressant ce livre ... Et c'est un véritable débat ...

  • Tu me donnes envie de lire...

  • Quelle horreur, et quelle tristesse.

  • ... quel double bonheur, cette vidéo !! :)

  • Tu as Clarabel, cette video est un vrai bonheur !

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