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psychanalyse

  • Marilyn dernières séances (M. SCHNEIDER)

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    Que voilà un livre un livre j'avais envie de lire ! Et comme j'ai été impatiente qu'il sorte en poche ! Ce qui fut fait ces dernières semaines :

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    "Trente mois durant, de janvier 1960 au 4 août 1962, ils formèrent le couple le plus improbable : la déesse du sexe et le psychanalyste freudien. Elle lui avait donné comme mission de l'aider à se lever, de l'aider à jouer au cinéma, de l'aider à aimer, de l'aider à ne pas mourir. Il s'était donné comme mission de l'entourer d'amour, de famille, de sens, comme un enfant en détresse. Il voulut être comme sa peau, mais pour avoir été la dernière personne à l'avoir vue vivante et la première à l'avoir trouvée morte, on l'accusa d'avoir eu sa peau. Telle est l'histoire. Deux personnes qui ne devaient pas se rencontrer et qui ne purent se quitter. Des mots noirs et des souvenirs blancs. Dans la lumière adoucie d'un cabinet de psychanalyste se redit la dernière séance de Marilyn. "

    Et que ce livre m'a laissé des sentiments mitigés... En ce qui concerne la forme, je n'ai jamais pu entrer réellement dans la narration, cette apparente polyphonie, ce va-et-vient entre passé et présent. C'est exactement le genre de livre que je peux poser, laisser "reposer" durant quelques jours, reprendre, reposer... autrement dit, une écriture que j'ai trouvée loin d'être passionnante...

    En revanche, j'ai trouvé extrêmement intéressant le portrait brossé de Marilyn. D'elle on connaît tout, ou presque. Une photogénie époustouflante, une vie tragique, des amants célèbres et une image de "paumée". Tous ces clichés sont repris par Michel SCHNEIDER, retravaillés, explicités. Et la Marilyn qui apparaît est miraculeuse de vérité, dans toute son ambiguïté. Nul doute que si Marilyn MONROE avait vécu aujourd'hui, elle aurait été une des premières participantes des émissions de télé-réalité, tant ce papillon était attiré par la lumière des sunlights et prête à tout lui sacrifier pour exister, car elle ne croyait exister que dans le regard des autres et ne recherchait que cette reconnaissance. En cela, elle anticipait notre monde d'aujourd'hui, celui où chacun cherche "son quart d'heure de célébrité".

    En même temps, ce livre a le mérite de nous renvoyer à nous même, et à notre attitude face aux médias quels qu'ils soient. Notre avidité à regarder vivre ces étoiles, à les voir évoluer sous nos yeux (ici, vous l'aurez compris, je parle des Marilyn et consorts, et non plus de télé-réalité...) fait de nous une certaine forme de vampire, qui veut à tout prix son moment de bonheur en contemplant l'autre, en dépit de sa souffrance. L'ouvrage de Michel SCHNEIDER aura eu le mérité de nous faire méditer... Ainsi cette séquence chez le psychanalyste de Marilyn :

    Peu après, lors d'une séance très agitée, les pupilles dilatées, le regard tendu vers l'invisible ou le noir, Marilyn avait dit d'une voix légère, presqu'enjouée, comme on raconte un conte à un enfant :

    - Quand j'étais petite, je me prenais pour Alice au pays des merveilles ; je me regardais dans les miroirs en me demandant qui j'étais. C'était vraiment moi ? Qui me regardait en retour ? Peut-être quelqu'un faisait semblant d'être moi ? Je dansais, je faisais des grimaces, juste pour voir si la petite fille au miroir faisait de même. Je suppose que tous les enfants sont emportés par leur imagination. Le miroir est magique, comme le cinéma. Spécialement quand on joue quelqu'un d'autre que soi-même. Je suppose que tous les enfants sont emportés par leur imagination. Le miroir est magique, comme le cinéma. Spécialement quand on joue quelqu'un d'autre que soi-même. Comme quand je portais les vêtements de ma mère, que je me coiffais et me maquillais comme elle : le rouge, les joues, les lèvres, le noir, les yeux. J'avais sûrement l'air d'un clown plus que d'une femme sexy. On riait de moi. Je pleurais. Quand j'allais au cinéma, il fallait m'arracher à mon siège. Je me demandais si c'était réel, tout ça, ou bien des illusions. Ces immenses images là, en haut, sur le grand écran dans la salle sombre, c'était le bonheur, la transe. Mais l'écran restait un miroir. Qui me regardait ? C'était vraiment moi, la petite fille dans le noir, moi, la grande femme dessinée par un faisceau d'argent ? Moi, le reflet ?

    Michel SCHNEIDER, Marilyn dernières séances, 2006.

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  • L'interprétation des meurtres (J. RUBENFELD)

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    Voici un roman que j'ai saisi avec bonheur ! Un gros pavé comme je les aime, à la fois policier, historique et érudit ! 470 pages de bonheur en perspective, jugez un peu :

    "1909. Sigmund Freud est à New York pour donner une série de conférences sur la psychanalyse. Au même moment, une jeune femme de la bonne société est étranglée après avoir été sauvagement torturée. Freud, fatigué, malade, en butte à l'hostilité de l'intelligentsia locale, se retrouve malgré lui impliqué dans l'enquête que mène l'inspecteur Littlemore...

    Des bas-fonds de Chinatown aux hôtels particuliers de Gramercy Park, ce thriller à l'intrigue impeccable nous plonge dans le New York en mutation du début des gratte-ciel."

    L_interpr_tation_des_meutres

    C'est dire l'avidité avec laquelle je dévorai les cent premières pages ; j'ai adoré ce New York du début du siècle, cette histoire urbaine qui se déroulait sous nos yeux. J'ai apprécié les enluminures psychanalytiques, même si, je dois le reconnaître, j'ai parfois survolé les théories freudiennes qui s'étalaient sur plusieurs paragraphes. Et puis, et puis...

    Le pauvre esprit que je suis s'est lassé de cette narration tantôt à la première tantôt à la troisième personne, mais continuant à parler de la première (!). Il s'est lassé aussi de ces querelles de clocher autour des fils spirituels du grand Freud et de tous ces éminents médecins qui se tiraient dans les pattes. Il s'est carrément embrouillé dans les méandres de cette histoire où les morts ne sont pas morts, où les méchants jouent tous double jeu et où les personnages manquent de consistance.

    Je dirai que Jed RUBENFELD a voulu trop bien faire : écrire un premier roman qui démontre à la fois sa compétence professionnelle (diplômé de Princeton, il a soutenu une thèse sur Freud), sa culture (Hamlet et une grande partie de l'oeuvre de Shakespeare est largement commentée, "dépiautée" à la sauce psy) et son talent d'auteur. Le tout donne un pavé plutôt indigeste, où l'on arrive laborieusement à la fin en se disant "tout ça pour ça ?"

    Voici le préambule du roman :

    C'est en 1909, accompagné de son disciple Carl Gustav Jung, que Sigmund Freud fit son seul et unique voyage aux États-Unis, pour donner une série de conférences à l'université Clark, dans le Massachusetts. Cette université lui remit également un doctorat honoris causa, première distinction publique décernée pour l'ensemble de son oeuvre. Malgré l'immense succès de cette visite, par la suite, Freud en parla comme d'une expérience traumatisante. Il traitait les Américains de "sauvages", et déclarait que son séjour dans ce pays lui avait laissé des séquelles physiques - en réalité il souffrait alors déjà de ces problèmes de santé. Les biographes se sont longtemps interrogés sur ce qui avait pu se produire là-bas. Ils ont même envisagé la possibilité d'un événement inconnu de tous, expliquant ces réactions autrement incompréhensibles chez Freud.

    Jed RUBENFELD, L'Interprétation des meurtres, 2007

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