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  • Après ma cuisine, ma bibliothèque, voici mon jardin...

    Imprimer Catégories : Blowing in the wind

    C'était fin mars, le moment des semis. J'ai bien désherbé l'endroit, fait de jolis carrés nets, et j'ai commencé à planter quelques graines...

    Certains font du légume, d'autres des aromatiques, moi, ce sera de la littérature jeunesse exclusivement, plus spécifiquement pour les dix-quinze ans. Affaire de métier, direz-vous.

    Plus sage dans la forme que celui-ci, cet autre blog (parce que vous aurez compris qu'il s'agit d'un autre blog...) se veut avant tout un outil de travail : mon carnet de lectures adolescentes. Destiné aux amateurs, quel que soit leur âge, aux enseignants aussi - car nous connaissons tous le drame de la recherche de lectures de vacances par exemple... - il comportera des résumés de livres, quelques extraits (car je reste une "gourmande dégustatrice" et je crois que l'on donne envie en faisant goûter) et éventuellement quelques pistes versdes documents pédagogiques.

    Bienvenue donc dans mon "autre" blog :

    Il doit son nom à un poème de Georges JEAN que vous pouvez lire dans son intégralité ici et j'espère qu'il vous plaira autant qu'il m'a plu de le concevoir et de le rédiger...

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  • Julie & Julia (sexe, blog et boeuf bourguignon) J. POWELL

    Imprimer Catégories : Lectures

    C'est drôle, il y a des livres qu'en lisant, on devine instinctivement adapté sur grand écran : non pas qu'ils soient particulièrement grandioses ou dépaysants, mais parce qu'ils sont tellement formatés qu'en les lisant, on devine déjà les pseudo-scènes de comédie qui en découleront. Julie & Julia est de ceux là.

    Julie_et_Julia

    J'aurais pourtant dû me méfier : la couverture parlait d'elle même. outre le côté racoleur du graphisme, il y avait le bandeau "Irrésistible... Une sorte de Bridget Jones en cuisine." Or moi, j'ai beaucoup aimé Bridget Jones. J'ai même beaucoup apprécié le film qui en était tiré (bon, d'accord, il y avait Hugh Grant qui y était pour beaucoup...) mais vouloir faire du Bridget Jones, ça me hérisse.

    Et puis, Clarabel est passée par là. Dans un de ses billets, elle expliquait avoir passé un bon moment avec cette lecture ; cela a relevé mon intérêt. Et comme de surcroît elle m'a très gentiment prêté l'ouvrage, j'ai pu y plonger.

    "Une jeune New-Yorkaise bientôt trentenaire, lasse d'enchaîner des boulots sans intérêt, décide de reprendre sa vie en main. S'emparant du vieux livre de cuisine de sa mère, L'Art de la cuisine française de Julia Child, elle s'invente un projet dément : réaliser les 524 recettes du livre... En un an ! Dans sa cuisine minuscule ! Avec un humour dévastateur et une pointe de folie, elle nous raconte ses pérégrinations de cuisinière, sa crise de la trentaine, sa mère envahissante, sa meilleure amie nymphomane... De réussites triomphantes en purs désastres, de crises de larmes en dîners alcoolisés, elle poursuit sa route pavée de mottes de beurre. Et s'aperçoit un jour que sa vie a changé."

    Et là, déception : ce livre est une caricature à tous points de vue. Ce personnage de presque trentenaire qui fait la course avec son horloge biologique a tout de la parfaite héroïne de sit com, la narration est d'une facilité, d'une lourdeur et d'une vulgarité souvent gratuite et la cuisine est complètement indigeste ! Nul doute que ce livre figurera en bonne place du box office US quand il sera adapté car il offre la vision typique de ce que les Américains ont de nous : la cuisine française, c'est cette chose lourde et grasse qui, de surcroît et injustice suprême, ne nous fait pas grossir !

    La cuisine française que Julie exécute tambour battant ("23° jour, 34° recette" ; "221° jour, 230° recette") baigne dans le beurre, l'huile, le saindoux ou encore la graisse de rognons ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui cuisinent au saindoux ou à la graisse de rognons ? Qui mettent une livre de beurre pour faire cuire un beefsteak ? Qui font un pot au feu avec un poulet ?

    Non seulement la cuisine pratiquée par Julie est celle qui se pratiquait (peut-être) il y a quelques années, lorsqu'on croyait que plus c'était gras, mieux c'était, mais elle est truffée d'erreurs. Ces erreurs ne seraient rien cependant - à quoi servirait la licence poétique sinon - si le livre prônait le plaisir du bien-manger au moins. Mais non. dans ce marathon alimentaire (car je n'ose dire culinaire), il y a aucun plaisir, aucun bonheur de savourer : nous sommes dans une dimension purement économique, celle du défi à réaliser. D'ailleurs, à part grossir et être écoeurée de repas lourds, on ne voit pas trop ce que Julie y a gagné, sinon la richesse grâce à son blog (où elle avait glissé un lien Paypal pour que ses "fans" puissent l'aider à financer ses repas...) . Très américain, disais-je...

    Ainsi cet extrait, situé au 23° jour :

    La cuisine évoquait une scène de crime. Le sol était jonché de coquilles d'oeufs qui craquaient sous les pas. Ce qui ressemblait à une vaisselle de trois jours était empilé dans l'évier et des cartons non déballés avaient été poussés aux quatre coins de la pièce. Invisible dans l'orifice obscur de la poubelle, et pourtant aussi évidents que des cadavres assassinés recouverts d'une bâche, gisaient les restes mutilés des oeufs. Si les traces de jaune strié de mauve qui maculaient les murs avaient été des éclaboussures de sang, un médecin-légiste aurait connu une journée mémorable. mais Éric n'était pas devant la cuisinière pour déterminer la position du tireur, il était occupé à pocher un oeuf dans le vin rouge. Deux autres oeufs attendaient sur une assiette près de la cuisinière. [...]

    Parce que préparer des Oeufs à la bourguignonne, ce n'était pas seulement gâcher une douzaine d'oeufs en essayant de les pocher dans le seul vin rouge dont nous disposions dans l'horrible appartement où nous avions eu la bêtise de nous installer. Je saisis un paquet de pain de mie sur le dessus du frigo et en sortis trois tranches. Je découpai un cercle blanc bien net à l'aide d'un moule à biscuit [...]. Je débarrassai l'un des trois brûleurs en état de marche de la cuisinière [...], y posai une poêle où je mis à fondre une demi-plaquette de beurre.

    [...] Devant ma poêle, je piquai le beurre avec ma fourchette. "Fonds, merde !" J'étais censée clarifier le beurre, c'est-à-dire écumer le dépôt blanchâtre qui apparaît quand le beurre fond, puis le faire chauffer sur feu vif avant d'y dorer les rondelles de pain. Ces temps-ci, il y avait beaucoup de choses que j'étais censée faire et que je ne faisais pas. Je jetai le pain dans le beurre dès qu'il se liquéfia. Naturellement, les canapés - ce que j'étais en train de faire avec les rondelles de pain - ne dorèrent pas mais se ramollirent en se gorgeant de beurre jaunâtre.

    "Fait chier ! il est onze heures du soir et j'en ai rien à foutre de ce putain de pain de merde", dis-je en les sortant pour le poser sur deux assiettes.

    - Julie, franchement, tu es obligée de parler comme ça ?"

    J'étais en train de faire bouillir le liquide vineux qui m'avait servi à pocher les oeufs pour le réduire en sauce.

    "Putain, tu te fous de ma gueule ?"

    Éric émit un petit rire inquiet.

    "Je plaisante. Juste une petite blague. Marrant, hein ?

    - Hum."

    J'épaissis la sauce avec de la maïzena et du beurre. Puis, sur chaque canapé ramolli, je posai un oeuf en équilibre avant de le napper de sauce.[...]

    Nous avons dîné en silence, au milieu des détritus et des cartons en cours de déballage. Les oeufs avaient le même goût que le médiocre vin que nous buvions, en un peu plus beurré.

    En fait, ce n'était pas mauvais du tout.

    Julie POWELL, Julie & Julia, 2008

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