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Le Yorkshire Pudding de la maman de Cecily (H. HANFF)

Imprimer Catégories : Littérature gourmande

C'est un petit livre qui ne ressemble à aucun autre. Une correspondance, certes, mais une correspondance où l'auteur peut se saisir toute vive à l'intérieur : Helen HANFF est dans son livre, toute entière et en chair et en os presque. L'histoire, c'est celle d'une jeune femme new yorkaise de trente-trois ans qui décide un beau jour de se constituer une bibliothèque de "livres anciens" et s'adresse pour ce faire à une librairie de Londres, située au 84, Charing Cross Road. Pendant plus de vingt ans, elle va correspondre avec l'employé de la librairie, Frank, puis élargir le cercle à la famille de ce dernier et au reste du personnel.

Outre l'aspect purement "bibliophile" qui ne saurait laisser un lecteur insensible (ah, les bonheurs d'Helen face aux "pages en vélin crème, lisse et épais", elle qui n'a connu jusqu'alors que le papier trop blanc des livres américains), cette correspondant est également un très intéressant témoignage de la vie quotidienne dans l'Angleterre de l'immédiate après-guerre, soumise aux restrictions, alimentaires notamment. C'est ainsi qu'Helen envoie des colis alimentaires à ses nouveaux amis anglais, tandis qu'elle reçoit en échange la fameuse recette de Yorkshire Pudding... Voici donc :

LE YORKSHIRE PUDDING DE LA MAMAN DE CECILY

Eastcote

Pinner

Middlesex

20/2/51

Ma chère Helene -

Il y a bien des manières de le faire mais Maman et moi pensons que, pour un premier essai, ce sera la plus simple pour vous. Mettez une tasse de farine, un oeuf, une demi-tasse de lait et une bonne pincée de sel dans une terrine. Mélangez jusqu'à ce que la pâte fasse un ruban. Placez dans le réfrigérateur pendant plusieurs heures. (C'est mieux si vous le faites le matin.) Lorsque vous mettez votre rôti au four, mettez-y aussi un deuxième plat à chauffer. Une demi-heure avant que le rôti soit cuit, verser un peu du jus gras du rôti dans ce plat, juste de quoi recouvrir le fond. Ce plat doit être brûlant. Versez-y la pâte du pudding. Le rôti et le pudding seront prêts en même temps.

Je ne sais pas bien comment le décrire à quelqu'un qui n'en a jamais vu, mais le Yorkshire Pudding doit beaucoup gonfler, être bien doré et croustillant et quand on le découpe, on s'aperçoit que l'intérieur est creux.

La RAF retient toujours Doug dans le Norfolk et nous gardons précieusement jusqu'à son retour les conserves que vous nous avez offertes pour Noël. Quand il reviendra, nous allons faire une sacrée bombance avec ça !  Je pense quand même que vous ne devriez pas dépenser votre argent comme ça !

Dois me dépêcher de poster cette lettre pour qu'elle vous parvienne à temps pour l'anniversaire de Brian, faites-moi savoir si tout a bien marché.

Je vous embrasse,

Cecily

14 East 95th St.

25 février 1951

Chère Cecily -

Le Yorkshire Pudding est un rêve, il n'y a rien de semblable ici : pour le décrire à quelqu'un j'ai dû dire que c'était une sorte de gaufre creuse, très épaisse, rebondie et lisse.

Je vous en prie, ne vous souciez pas du coût des colis de nourriture, je ne sais pas si c'est que l'Association Outremer est à but non lucratif ou bien exonérée des droits de douane, mais c'est ridiculement bon marché : tout le colis de Noël m'a coûté moins qu'une dinde. Ils ont quelques colis de luxe avec par exemple des côtes de boeuf et des gigots d'agneau, mais même ça, c'est tellement bon marché comparé aux prix pratiqués chez le boucher que ça me tue de ne pas pouvoir vous les envoyer. Je m'amuse tellement avec le catalogue, je l'étale sur le tapis et je compare les mérites respectifs du Colis 105 (comprenant une douzaine d'oeufs et une boite de biscuits sucrés) et du Colis 217B (deux douzaines d'oeufs mais PAS de biscuits sucrés). Je déteste les colis avec une seule douzaine d'oeufs : ça fait deux oeufs par personne ce qui ne représente vraiment pas grand-chose. Mais Brian dit que les oeufs en poudre ont un goût de colle. Alors le problème reste entier.

Un producteur qui aime bien mes pièce (pas assez cependant pour les produire) vient de téléphoner. Il produit des séries télévisées et il m'a demandé si je voulais bien écrire pour la télévision. "Payé une brique", a-t-il lancé négligemment, ce qui finalement veut dire 200 dollars. Et moi qui gagne 40 dollars par semaine à lire des scripts ! Je vais le voir demain, croisez les doigts.

Amitiés -

helene

Helene HANFF, 84, Charing Cross Road, 1970.

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Commentaires

  • je ne connaissais pas du tout. Dommage que je sois végétarienne. Je vais voir comment jepeux remplacer la matière animale dans la recette!

  • Moi non plus je ne connaissais pas cette recette. Elle me plait bien.Il faut maintenant la mettre en pratique...A bientôtpaola

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