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enfant

  • La soupe de Cornebidouille (M. BONNIOL - P. BERTRAND)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Attention, mesdames et messieurs, je vous livre aujourd'hui un véritable secret de famille. Un livre-culte. Capable de réunir en cercle autour de vous les enfants... mettons de deux à dix ans (et je ne parle pas des adultes...)... capable de réunir les enfants, disais-je, et de les entendre déclamer en choeur :

    Elle était laide, elle ne sentait pas bon,

    elle avait du poil au menton.

    Cornebidouille était son nom !

    Cornebidouille.jpg

    Eh oui, Cornebidouille est son nom et avec cet album écrit par Pierre BERTRAND et illustré par Magali BONNIOL, vous vivrez de purs moments de bonheur.

    "Quand il était petit, Pierre ne voulait pas manger sa soupe. "Tu sais ce qui arrive aux petits garçons qui ne veulent pas manger leur soupe ? " lui disait son père, "Eh bien, à minuit, la sorcière Cornebidouille vient les voir dans leur chambre, et elle leur fait tellement peur que le lendemain, non seulement ils mangent leur soupe, mais ils avalent la soupière avec."
    Pierre s’en fichait. Il ne croyait pas aux sorcières. Mais il faut admettre que son père avait raison sur un point: une nuit, à minuit, dans la chambre de Pierre, la porte de l’armoire s’entrouvrit avec un grincement terrible et Cornebidouille fit son apparition.
    Allait-elle parvenir à faire peur à Pierre ? Ca, c’était beaucoup moins sûr..."

    C'est donc l'histoire d'un petit garçon qui ne se laisse pas impressionner par les grands et qui, sous ses dehors espiègles, révèle une vraie force de caractère. Les enfants adorent, qu'ils soient fille ou garçon, les grands aussi, et... je suis sûre que vous hésiterez deux fois quand au prochain repas vous vous entendrez dire : "Allez, tu finis ta soupe sinon..."

    kili_3_moment_image.gif"Pierre, mange ta soupe !"

    "Nan, j'veux pas " (et là, imaginez les enfants en choeur qui reprennent les paroles de Pierre) [...]

    "Et tu sais ce qui arrive aux petits garçons qui ne veulent pas manger leur soupe ?"

    "Nan, j'sais pas !"

    "Eh bien, à minuit, la sorcière Cornebidouille vient les voir dans leur chambre et elle leur fait tellement peur que le lendemain, non seulement ils mangent leur soupe, mais ils avalent la soupière avec."

    "M'en fiche, j'y crois pas aux sorcières !"

    P. BERTRAND - M. BONNIOL, Cornebidouille, 2003.

    Maintenant, si vous voulez savoir ce qui est arrivé à Cornebidouille et qui des deux a gagné, il ne vous reste plus qu'à aller lire Cornebidouille...

     

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  • Où on va, papa ? (J-L. FOURNIER)

    Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

    On en parle, on en parle de plus en plus, de ce livre :

    Où on va, papa.jpg

    "Cher Mathieu, cher Thomas,
    Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
    Je ne l'ai jamais fait. Ce n était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "

    Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J'avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?
    Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ? »
    Aujourd hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
    Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d ange, et je ne suis pas un ange.
    Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
    Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.
    Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines."

    On ne sait pas souvent que l'on connaît Jean-Louis FOURNIER : La Minute nécessaire de M. Cyclopède, c'était lui. L'oiseau Antivol, celui qui avait le vertige, c'était lui. La Noiraude, c'était lui. Et puis la grammaire impertinente, l'arithmétique - impertinente aussi -, la politesse, p'tit con, etc... De lui, il dit qu'il voulait "toujours pas faire comme les autres", avant de conclure : "Mes enfants ne ressemblent à personne [...] je devrais être content".

    C'est un livre terrible. Par son sujet, bien sûr, mais surtout par ce qu'il nous renvoie, à nous, les humains. Parce qu'il pose la question terrible de notre orgueil : pourquoi nous reproduisons-nous et qu'attendons-nous de nos enfants ? Parce que - inconsciemment bien sûr - nous sommes tellement contents de ce que nous sommes que nous voulons nous poursuivre, continuer d'exister à travers d'autres. Pour cela, nous rêvons l'enfant le plus parfait qui soit, et nous sommes si fiers et si heureux lorsqu'il apparaît, magnifique, avec ses cinq doigts à chaque main, ses ongles jolis, cette miniature parfaite. Et puis parfois, il n'est pas pas parfait. Parfois, comme le dit Jean-Louis FOURNIER, c'est "un miracle à l'envers". "On aurait bien voulu le défendre contre le sort qui s'était acharné contre lui. Le plus terrible, c'est qu'on en pouvait rien."

    Et être parent, c'est cela aussi. C'est en finir avec l'insouciance de se croire immortel, libre de toute responsabilité, être parent, c'est apprendre qu'on est responsable. Pas coupable. Mais parfois, la limite n'est pas toujours très facile à déterminer. " Quand je pense que je suis l'auteur de ses jours, des jours terribles qu'il a passés sur Terre, que c'est moi qui l'ai fait venir, j'ai envie de lui demander pardon."

    Voilà pourquoi le livre de Jean-Louis FOURNIER est magnifique. Voilà pourquoi il fait souvent monter les larmes. Mais ce ne sont pas des larmes de pitié, comme il le redoute, plutôt des larmes égoïstes, car on pleure à se voir si clairement dans son miroir. Sans concession, il raconte la jalousie à voir les autres enfants "normaux", ses tentations de fuite pour échapper au fardeau, les regrets de tout ce qu'il n'aura pas pu partager avec eux, les regrets de tout ce qu'ils n'auront pas pu connaître, ainsi "conjuguer à la première personne du singulier et à l'indicatif du présent le verbe du premier groupe : aimer." C'est triste, c'est impudique et c'est vrai.

    Notre album de photos de famille est plat comme une limande. On n'a pas beaucoup de photos d'eux, on n'a pas envie de les montrer. Un enfant normal, on le photographie sous toutes les coutures, dans toutes les postures, à toutes les occasions ; on le voit souffler sa première  bougie, faire ses premiers pas, prendre son premier bain. On le regarde, attendri. On suit pas à pas ses progrès. Un gosse handicapé, on n'a pas envie de suivre sa dégringolade.

    Quand je regarde les rares photos de Mathieu, je reconnais qu'il n'était pas très beau, on voyait bien qu'il était anormal. Nous, ses parents, on ne l'a pas vu. Pour nous, il était même beau, c'était le premier. De toute façon, on dit toujours "un beau bébé". Un bébé n'a pas le droit d'être laid, en tout cas, on n'a pas le droit de le dire.

    J'ai une photo de Thomas que j'aime bien. Il doit avoir trois ans. Je l'ai installé dans une grande cheminée, il est assis sur un petit fauteuil au milieu des chenets et des cendres, là où on met le feu. A la place du diable, un angelot fragile sourit.

    Cette année, des amis m'ont envoyé comme carte de voeux une photo d'eux entourés de leurs enfants. Tout le monde a l'air heureux, toute la famille rit. C'est une photo très difficile à réaliser pour nous. Il faudrait faire rire Thomas et Mathieu sur commande. Quant à nous, les parents, nous n'avons pas toujours envie de rigoler.

    Et puis je vois mal les mots "Bonne année" en anglaises dorées juste au-dessus des têtes hirsutes et cabossées de mes deux petits mioches. Ca risque de ressembler plus à une couverture de Hara-Kiri par Reiser qu'à une carte de voeux.

    Jean-Louis FOURNIER, Où on va papa ? 2008

    PRIX FEMINA 2008

     

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