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  • La revanche de Batoule (F. HAL)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    "Récit", tel est le sous-titre de l'ouvrage de Fatéma HAL :

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    "Incroyable destin de Fatéma Hal ! Qui raconte son parcours : de sa ville natale marocaine d’Oujda, à quelques kilomètres de la frontière algérienne, à Paris où elle a créé en 1984 son célèbre restaurant Mansouria. Entre-temps, après un mariage à 18 ans, trois enfants, des études à l'université Paris-VIII, un divorce, elle aura entrepris un inlassable travail auprès des cuisinières de son pays pour recueillir à temps, avant leur disparition, un fabuleux héritage culinaire. Fatéma Hal revient sur son enfance, marquée par l’absence de père qui en fera un univers de femmes : Mansouria, sa mère, sa tante Yamina, chanteuse pour femmes, les dadas, anciennes esclaves, à qui elle rend hommage, dont certaines devinrent de grandes cuisinières. Des femmes souvent oubliées par la grande Histoire, celle qui est toujours écrite par les hommes…Une suite de récits subtilement construits avec les ingrédients de l’humour, du fantasque, de sublimes vengeances, de la sensualité des parfums du hammam, des saveurs de la cuisine, des youyous, et des chants de Oum Kalsoum… mais aussi marqués par la guerre de l’Indépendance algérienne, les drames terribles, la misère, les répudiations, l’immigration…Née entre le Maroc et l’Algérie, établie en France, ambassadrice de la cuisine marocaine dans le monde, Fatéma Hal est fille des frontières. Dans notre société contemporaine de plus en plus complexe, où tant de mondes différents se juxtaposent, si l’histoire de Fatéma Hal nous touche autant, c’est parce qu’elle a su maintenir précieusement le lien entre tous les pans de sa vie. C’est ce qu’elle nous offre à voir aujourd’hui dans ce livre de fidélité aux souvenirs."

    Fille des frontières est (donc) un récit captivant, à la fois autobiographie d'une femme moderne et miroir du monde. C'est l'itinéraire d'une petite fille qui se trouvait laide - car c'est ce qu'on lui disait - parce que différente des autres et qui n'a dû qu'elle même de grandir et gravir toujours un peu plus loin les marches de la société. Depuis Oujda, son village d'enfance, celui qui l'a marqué à jamais de ses saveurs et de ses personnages hauts en couleur, jusqu'à Paris, où elle est arrivée pour aller à l'université avant de finir par ouvrir son propre restaurant, la vie de Fatéma HAL est une succession de rencontres qui se sont imprimées en elle, se superposant pour produire ce résultat unique.

    Loin de dérouler un fil autosatisfait, l'auteur raconte et raconte encore : les autres, la vie, le monde et, parmi tout ce foisonnement,  surgit de temps en temps une petite fille discrète et effacée, qui regarde et emmagazine dans sa mémoire. L'ouvrage est savoureux, les histoires pittoresques et Fatéma HAL possède un véritable talent de conteuse qui lui permet de rendre au plus près ces personnages féminins si typiques, quoique si proches de nous. Ainsi la vengeance de Batoule, jeune femme stérile répudiée par son époux...

    La vengeance de Batoule

    Mais voilà que Batoule avait décidé de retrouver sa dignité. rien ni personne ne pourrait l'en empêcher. (..)

    Elle poursuivit son chemin jusqu'au marchand d'herbes. Elle tendit la main vers une botte de menthe sauvage terminée par de jolies fleurs, en écrasa une entre ses doigts afin d'évaluer le parfum. Satisfaite, elle vérifia ensuite le brillant des feuilles de coriandre et frôla légèrement la sauge sauvage dont l'arôme discret dissimule son goût puissant. Pour le persil, elle écarta trois bottes fanées et prit celles du dessous, plus fraîches. (...)

    Au Maroc, le thé vert n'a qu'une seule compagne, la menthe, dont les larges feuilles libèrent leur parfum enivrant. Mais l'hiver, lorsque son arôme est moins puissant, le thé, ce goujat, la trompe avec l'absinthe et sa légètre amertume. (...)

    Batoule salua le marchand et prit le chemin du retour. (...) Elle alluma le feu et se mit au travail. Très vite, un délicieux parfum emplit la pièce et s'échappa par la fenêtre entrouverte. La belle reprenait goût à la vie. Piètres cuisinières, ses voisines identifièrent néanmoin s les différents ingrédients : ail écrasé, coriandre, cumin, poivrons grillés.

    Le lendemain, elle fit mijoter un succulent tagine d'agneau aux cardons. Le surlendemain, elle prépara un couscous madfoun, celui qui cache volontairement son jeu... J'adore ce couscous, où tout est dissimulé aux regards. Dans sa cuisine, Batoule se comportait comme ces femmes qui entrent en transe au son d'une musique entraînante et défient la loi des hommes. Elle affolait les sens de voisins, qui la regardaient porter ses petits plats aux pauvres groupés devant la mosquée. Son talent pour filtrer l'eau de rose értait exceptionnel et sa façon de griller les noix ravissait les papilles. Son smen était une merveille et ses dattes farcies aux amandes tout simplement sublimes. Une autre fois, elle brisa le tabou suprême en réalisant elle même la recette du bouillon de l'accouchée, d'ordinaire réservé aux femmes qui viennent d'enfanter. Stérile, Batoule savait qu'elle ne connaîtrait jamais ce bonheur, mais elle prenait sa revanche en réussissant le plus savoureux des bouillon. Batoule était comme ça, et j'admirais sa détermination à ne pas accepter son sort. La répudiation condamnait à une vie difficile. En se révoltant, Batoule avait repris sa liberté.

    (...) "... lorsque ce fils de sorcière m'a répudiée, j'ai d'abord cru que le sol allait s'ouvrir sous mes pieds. Puis j'ai pensé faire une folie : sortir nue dans la rue pour l'humilier, le tuer de mes propres mains ou bien me jeter dans l'oued... Je voulais crier mon malheur au monde entier. Finalement, j'ai préféré m'enfermer dans la cuisine pour préparer tous les plats qu'il aime et ceux qu'il ne connaît pas. Chaque fois, devant ces plats délicieux, je me dis qu'il peut bien se remarier s'il veut, il ne les goûtera jamais plus et même jamais tout court!"

    Fatéma HAL, Fille des frontières, 2011.

    Lu dans le cadre de l'opération Masse critique

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  • Remplissons les bibliothèques d'Haïti !

    Imprimer Catégories : Blowing in the wind

    Babelio, c'est ce site qui permet de connecter nos bibliothèques. Plus égoïstement, ce sont ceux qui, ponctuellement, lancent des opérations Masse Critique qui offrent des livres aux blogueurs et blogueuses inscrits.

    Mais aujourd'hui, Babelio propose quelque chose de différent : non plus recevoir mais donner. En s'associant à l’O.N.G. Bibliothèques Sans Frontières (BSF) pour collecter des livres pour les bibliothèques de Haïti. Les filières du livre au Sud sont confrontées à de nombreux obstacles qui rendent difficile et coûteux l’accès aux livres pour la majeure partie des populations, c’est à ce problème que répond depuis plusieurs années BSF.

    BSF s’engage sur 3 ans pour un appui en profondeur à l’ensemble du réseau de lecture haïtien. Par la dotation en ouvrages de près de 200 bibliothèques et la formation à l’animation et à la conservation des collections, ce programme représente un investissement durable pour l’éducation et l’accès à l’information dans ce pays. Pour en savoir plus : le programme 200 bibliothèques pour tous en Haïti

    Vous pouvez les aider en  envoyant les livres que vous avez déjà lus. Babelio en fera une tour de livres que vous verrez grandir ici. Alors n'hésitez pas à cliquer sur le pavé dans la colonne de droite pour avoir toutes les informations nécessaires.

    Encore une bonne oeuvre, allez-vous dire ! Certes, mais nous avons la chance de vivre dans un pays où ni les livres ni les la nourriture ne font défaut. Alors il est parfois bon de se souvenir que cen'est pas le cas de tous...

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  • Le livre à lire... dans ma cuisine (M. DONZEL)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Voilà exactement le genre de livre qui vous donne faim et puis - trois p'tits tours et puis s'en vont - vous laisse sur le bord du chemin, affamés.

    livre___lire

    A priori, disais-je donc, la quatrième de couverture était plus qu'alléchante : "Des livres qui vous apprennent à cuisiner, vous en avez déjà des tonnes. Mais le temps que vous passez dans votre cuisine ne s'arrête pas à la préparation des recettes. C'est quoi, au fond, une cuisine? Que peut-on y faire, quand on n'est pas occupé à y couper, verser, touiller...? Que peut-on apprendre de ce lieu chargé d'autant de poésie que de mystère? Vous ne saviez pas que faire pendant la cuisson de vos plats? Le livre à lire... dans ma cuisine est le compagnon qui vous manquait, l'indispensable guide des cuisiniers amateurs et des gourmands professionnels, de tous ceux qui confessent un plaisir - un peu coupable - à "traîner dans la cuisine" des heures durant... "

    A lire ces lignes, on imagine un ouvrage érudit tout en restant amusant, plein de gourmandises, eh bien non, rien de tout cela. Il s'agit d'une compilation autour de la cuisine : "testez votre vocabulaire culinaire", "10 bonne raisons de ne même pas chercher à entrer dans une taille 36", " la liste des aliments interdits avant un baiser", "les verbes de la cuisine", "les troubles du comportement alimentaires", etc... Loin d'être un livre construit autour des plaisirs de la cuisine, c'est un ouvrage construit avec ce que d'autres ont dit sur la cuisine. C'est souvent très cliché. Et cela manque sérieusement de saveur...

    Il y a une chose qui m'échappe à propos des restaurants... Les garçons s'y font payer pour cuisiner, alors qu'à la maison les filles font ça gratis, presque sans râler ! je trouve quand même bizarre qu'on appelle un garçon qui cuisine chef, que toute une armée d'apprentis et de commis se mette au garde-à-vous dès qu'il entreprend vaguement de se gratter le nez, et qu'il ait le droit d'insulter tout le monde en hurlant devant les caméras de télé qui s'extasient de son talent. Alors qu'une fille qui cuisine, on l'appelle maman, on se mouche le pif dans ses jupes et c'est après elle qu'on braille si la pitance traîne à être servie et qu'on risque de rater le début du feuilleton à la télé. c'est juste ça que je dis.

    Et je m'étonne d'une ou deux choses au passage. Par exemple, quand la progéniture rentre de l'école en hurlant : "qu'est-ce qu'on maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaangemaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaange?", je me demande bien ce qui retient les mamans de répondre : "Mais ce que tu auras préparé, mon chéri, pendant que maman glandait au café avec ses copines." Les mamans pourraient aussi dire : "Tu ne manges pas, mon ange, parce que maman n'a pas du tout envie que tu grandisses, maman préfère que tu restes petit et mignon et que tu continues de n'aimer qu'elle, à jamais et à) la folie." Si les mamans disaient ça, les psys deviendraient très très riches, et en récompense, ils pourraient redistribuer un pourcentage aux mamans.

    Marie DONZEL, Le Livre à lire... dans ma cuisine, 2008.

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