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Un bien étrange festin (T. ROBBINS)

Imprimer Catégories : Littérature gourmande

Etrange livre que celui-ci :

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"Fausse gitane mais vraie voyante, la belle Amanda et son mari John Paul Ziller, artiste et magicien inséparable de son babouin, ouvrent un zoo et un stand de hot dogs au bord de l’autoroute. Là, ils rétablissent le cirque de puces comme art populaire et le culte de la fécondité comme religion
ultime. Quand débarque leur ami Plucky Purcell, ancien joueur de football et dealer à ses heures, les ennuis commencent. Ayant par accident infiltré une armée secrète du Vatican, Plucky s’est retrouvé à Rome où il a découvert le corps momifié du Christ oublié dans une catacombe. Après l’avoir dérobé et ramené aux Etats-Unis, il vient le cacher dans leur zoo et remet l’avenir de la civilisation occidentale
entre leurs mains. Mais le FBI et la CIA veillent."

La quatrième de couverture parle d'elle même : impossible de raconter un roman pareil, il faut seulement s'y plonger... et essayer de surnager ! Personnages hallucinants (et hallucinés), intrigue emberlificotée au-delà de l'imaginable, situations ubuesques, entrer dans Une Bien Etrange Attraction demande de laisser au vestiaire toutes ses certitudes et ses habitudes de lecteur bien dressé.

Et pourtant, sous ses dehors de roman psychédélique se cache un vrai travail d'écrivain, et ce qui fait l'intérêt de ce roman tient sans doute dans ce décalage entre une construction extrêmement rigoureuse, qui mêle formes et points de vue différents, et une histoire complètement délirante, joyeusement foutraque, ainsi ce bien étrange festin que nous propose Amanda :

Amanda avait dit que nous allions festoyer, et aussi vrai qu'on pourrait mettre un ballon de volley entre les pattes de coq Big Paint, nous avons festoyé. Amanda a pris la Skagit Valley par ses talons humides et verts et l'a secoué pour en faire tomber tout un tas de bonnes choses sur notre table. Elle a fait tomber un saumon argenté aussi gros qu'un bébé, qu'elle a cuit au four avec un glaçage de crème amère. Il y avait des huîtres toutes fraîches, des cuites et des crues. Du brocolis avec une sauce épicée qui ne cachait rien de ses tendances sadiques. Des épis de maïs. Des tubercules de bardanes. Des racines de joncs. Des buiscuits au pollen de jonc. Quatre variétés de champignons sauvages : des chanterelles, des champignons de prairie, des lépiotes et des bolets. De la berce laineuse (on mange les tiges pelées crues comme du céleri). Des tiges rôties de fougère femelle. des oignons en crème. De la soupe de lichen. Des graines de pin. Du miel sauvage. Des oeufs d'étoile de mer. Du pudding de citrouille. Des pommes. Des poires. Et ainsi de suite, toute cette nourriture ayant été récoltée par les Ziller gratuitement, comme c'est encore possible dans le comté de Skagit malgré l'empiètement des horreurs industrielles et de leur béton toxique.

- Y'a pas à dire, vous mangez vraiment de drôles de choses, vous, dis-je.

- Nous avons une grande connaissance de ces choses-là, dit Amanda.

Nous fîmes descendre le dîner avec de grandes gorgées de vin, comme Jésus et ses copains l'auraient fait, et ensuite la pipe à haschich circula autour de la table, s'arrêtant pour enfoncer son tuyau dans chaque bouche comme un oiseau-mouche assoiffé insérerait son bec dans chacune des fleurs sur un collier d'orchidées.

Tom ROBBINS, Une Bien Etrange Attraction, 1971.

Vous trouverez le début du roman ici.

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