"Et c'était comme si tout recommençait..."
Une parole poétique
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
Une parole politique
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
Une parole prophétique
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones
Une parole lyrique
Il faudra réapprendre à vivre
Ensemble écrire un nouveau livre
Redécouvrir tous les possibles
Chaque chose enfin partagée
Tout dans le couple va changer
D'une manière irréversible
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face aux autres générations
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme
Une parole prolifique
Et c'était comme si tout recommençait
Commentaires
Une force tranquille que cet homme-là fait d'un bois qui a disparu depuis longtemps...
J'adore comment il a sublimé en musique les mots d'Aragon.
Et puis ses textes aussi, comme cette chanson:
"Nul ne guérit de son enfance"
Sans que je puisse m'en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière
Me fait sauter sur ses genoux
Mes parents l'été les vacances
Mes frères et sœurs faisant les fous
J'ai dans la bouche l'innocence
Des confitures du mois d'août
Nul ne guérit de son enfance
Les napperons et les ombrelles
Qu'on ouvrait à l'heure du thé
Pour rafraichir les demoiselles
Roses dans leurs robes d'été
Et moi le nez dans leurs dentelles
Je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles
L'odeur troublante de l'amour
Nul ne guérit de son enfance
Le vent violent de l'histoire
Allait disperser à vau-l'eau
Notre jeunesse dérisoire
Changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer
L'image d'un père évanouie
Qui disparut avec la guerre
Renaît d'une force inouie
Nul ne guérit de son enfance
Celui qui vient à disparaître
Pourquoi l'a-t-on quitté des yeux
On fait un signe à la fenêtre
Sans savoir que c'est un adieu
Chacun de nous a son histoire
Et dans notre cœur à l'affût
Le va-et-vient de la mémoire
Ouvre et déchire ce qu'il fût
Nul ne guérit de son enfance
Belle cruelle et tendre enfance
Aujourd'hui c'est à tes genoux
Que j'en retrouve l'innocence
Au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras ouvre ton âme
Que j'en savoure en toi le goût
Mon amour frais mon amour femme
Le bonheur d'être et le temps doux
Pour me guérir de mon enfance
"L'innocence des confitures du mois d'août", j'aime beaucoup...
Ferrat, c'était mon enfance. Mon père écoutait en boucle ses vinyls, et j'adorais Oural, ouralou...(un temps j'ai essayé d'apprendre la montagne à mes élèves...du serbo-croate pour eux...)Mais ma préférée c'est
ma môme,
elle joue pas les starlettes
elle met pas des lunettes de soleil
elle pose pas pour des magazines
elle travaille en usine, à Créteil...
Salut à un grand artiste, engagé et sans langue de bois, un vrai mec, quoi!