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On n'a rien inventé, ou la cuisine du Moyen-Age (K. PANCOL)

Imprimer Catégories : Littérature gourmande

Il y a de cela fort longtemps, je lisais Katherine PANCOL. C'était l'époque de Moi d'abord, Scarlett, si possible ou Une Si Belle Image : Jackie Kennedy . Et puis je me suis lassée. Je trouvais que cela manquait de nouveauté : les thèmes étaient toujours les mêmes et on tournait un peu en rond. Et puis j'ai eu entre les mains :

La Valse lente des tortues.jpg

"Ce livre est une bourrasque de vie... Un baiser brûlant du seul qu'on ne doit pas embrasser. Deux bras qui enlacent ou qui tuent. Un homme inquiétant, mais si charmant. Une femme qui tremble et espère ardemment. Un homme qui ment si savamment. Une femme qui croit mener la danse, mais passe son tour. Des adolescents plus avertis que les grands... Un homme qui joue les revenants. Un père, là-haut dans les étoiles, qui murmure à l'oreille de sa fille... Un chien si laid qu'on s'écarte sur son passage. Des personnages qui avancent obstinément, comme de petites tortues entêtées qui apprendraient à danser lentement, lentement, dans un monde trop rapide, trop violent."

Bon, j'avoue tout de suite la première lacune : je n'ai pas lu le premier, Les Yeux jaunes des crocodiles. En même temps, je le dis pour ceux qui risquent d'être dans le même cas, cela n'a rien de dramatique : en trois pages, le résumé des épisodes précédents est bouclé et l'on entre sans souci dans cette histoire. Donc Joséphine, historienne effacée et qui a toujours vécue pour les autres, s'est retrouvée malgré elle écraivain à succès. Elle habite maintenant un bel appartement dans le XVIème où ni elle ni sa fille cadette ne se sentent à l'aise et découvrent que la vie des riches, ce n'est pas cela...

J'ai d'abord pensé que Katherine PANCOL s'était lancé dans le Gavalda : personnages bancals, forte propension à s'attacher aux éclopés de la vie, sauf que... Katherine PANCOL n'est pas Anna GAVALDA et que son univers sonnait vraiment faux à mes oreilles. Et puis le roman a commencé à partir dans tous les sens : paranormal avec le père mort en Afrique qui envoyait des certes postales à ses filles, policier avec des assassinats dans l'immeuble huppé, bref, un grand fourre-tout qui s'étirait sur 752 pages, se concluant par un carnage généralisé. Bref, vous l'aurez compris, je n'ai pas franchement aimé.

L'impression qu'il m'a laissé est de, pour reprendre l'expression des feuilletonistes du XIX° siècle, "tirer à la ligne" : essayer de dire un maximum de choses sur tout quand on n'a pas grand-chose à ire sur son histoire à proprement parler. En témoigne cet extrait, tout à fait intéressant au demeurant sur un plan historique, des pensées de Joséphine préparant la dinde de Noël.

ON N'A RIEN INVENTE

ou la Cuisine du Moyen-Âge

On n'a rien inventé, ruminait Joséphine en s'écorchant les doigts sur les marrons. Les fast-food existaient au Moyen-Âge. Tout le monde ne possédait pas sa propre cuisine, les logements en ville étant trop petits. les célibataires et les veufs mangeaient dehors. Il existait des traiteurs, des professionnels de l'alimentation ou "chair cuiters", qui installaient des tables dehors et vendaient des saucisses, des petits pâtés ou des tourtes à emporter. L'ancètre des hot dogs ou des MacDos. La cuisine représentait un secteur très important de la vie quotidienne. lesmarchés étaient bien approvisionnés, huile d'olive de Majorque, écrevisses et carpes de la Marne, pain de Corbeil, beurre de Normandie, lard du Ventoux, tout arrivait aux halles de Paris. Dans les bonnes maisons, il y avait un "maître-queux", qui du haut de sa chaire agitait sa louche pour indiquer à chacun son travail. Il surveillait les "happe-lopins" ou galopins, ces enfants de cuisine qui arrachaient des morceaux de nourriture pour les avaler en cachette. Les cuisiniers s'appelaient "Poire molle", "Goulu", "Rince-pot", "Taillevent". Les recettes s'écrivaient en mesures religieuses. On faisait cuisine "de l'heure des vêpres jusqu'au soir", bouillir les raviolis de viande le temps de deux Pater Noster, les noix pendant trois Avé Maria. Dans les cuisines, les marmitons récitaient des prières, surveillaient la cuisson, goûtaient, priaient à nouveau en reprenant leur chapelet. La haute noblesse utilisait la feuille d'or pour décorre les plats. le repas donnait lieu à une vraie cérémonie. les cuisiniers s'effroçaient de préparer des plats en couleurs, le civet rosé, la tarte blanche, la sauce cameline pour accompagner le poisson frit. La couleur aiguisait l'appétit, les aliments blancs étant réservés aux malades qu'il convenait de ne pas exciter. Chaque plat changeait de couleur selon la saison : le potage de tripes était brun en automne, jaune en été. Le comble du raffinement étant la sauce italienne "bleu cléleste". Et, pour plaire aux convives, le cuisinier peignait les armoiries sur les plats en gelée, déposair des grains de grenade ou des fleurs de violette. Inventait des "mets déguisés" dignes de figurer dans des films d'épouvante. Il fabriquait des animaux fantastiques ou des scènes humoristiques en assemblant des moitiés d'animaux différents. [...] Il y avait aussi les entremets-surprise : on plaçait des oiseaux dans une tourte en pain, on soulevait le couvercle au moment de servir et les oiseaux s'envolaient, effrayant l'assistance ravie. Je devrais essayer un jour, se dit Jo en retrouvant le sourire.

Katherine PANCOL, La Valse lente des tortues, 2008.

6 commentaires Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • je dois avouer que je n'avais pas relevé ce passage !:)

  • J'ai hésité entre celui-ci et la recette de la dinde de Noël !

  • je le cherche à la médiathèque cet après-midi. J'avais adoré le premier (premier Pancol que je lisais). Tu me mets encore plus l'eau à la bouche!!!

  • ... oups, la fin de mon commentaire n'est pas apparu.

    Donc je disais, tu me mets l'eau à la bouche avec l'extrait. Avec ton commentaire un peu moins. Je verrai ça d'ici quelques jours.

  • @ Aneth : Cathulu, qui commente au dessus de toi, l'a bien aimé, alors à toi de voir par toi même...

  • j'y compte bien!!! Je vous dirai ce qu'il en est dès que je l'aurai lu.

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