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"La guerre a tout bouleversé. Pourquoi ne changerait-elle pas la chorale aussi ?"

Peut-être qu'à force d'entendre dire et répéter que les femmes ne peuvent pas faire certaines choses, nous avons fini par le croire. En tout cas, l'ordre naturel des choses a été momentanément changé puisqu'il n'y a plus d'hommes disponibles.

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Drame dans le petit village de Chilbury : suite au départ à la guerre des voix masculines, la chorale doit cesser. Parce que c'est ainsi. Parce qu'il n'est pas envisageable de chanter "sans les basses et sans les ténors" et que "cela va à l'encontre des choses". Ça, c'est la très correcte, très classique et très raide Mrs Brampton-Boyd qui l'énonce, persuadée que toutes les autres vont se ranger derrière elle. mais c'est sans compter Mrs Tilling, la veuve qui voit son fils unique partir à la guerre, la jeune Kitty, qui du haut de ses treize ans rêve de devenir "chanteuse célèbre", sa soeur Vénétia, beauté irrésistible, la timide Silvia, réfugiée arrivée de Tchécoslovaquie, et surtout miss Primrose Trent, la professeure de chant !

 

Si le roman de Jennifer Ryan, cette Chorale des dames de Chilbury, présente beaucoup de similitudes avec Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, même galerie de personnages pittoresques, même jeu de points de vue multiples, il a néanmoins un charme délicieux, celui des cottages anglais et des potins de village. La chorale devient le prétexte à brosser de jolis portraits de femmes, tout en décrivant parfaitement l'atmosphère de cette (drôle de) guerre vécue de l'arrière. 

Il y a de l'amour, romantique et moins romantique, de l'humour, de mauvaises actions, de la solidarité, de la tendresse, bref, de l'humanité. Ainsi que le montre cet extrait du journal de la jeune Kitty Winthrop :

Samedi 25 mai 1940

Le pique-nique mouvementée

Ce matin, il faisait un temps divin, et j’ai décidé que Sylvie et moi méritions une récompense pour avoir remporté le concours. J’ai éprouvé le besoin impérieux – ne serait-ce que pour une journée – de faire comme si la guerre n’existait pas. J’ai donc ouvert toute grande la fenêtre de ma chambre pour sentir sur mon visage le chaud soleil doré et respirer le parfum frais et résineux d’une somptueuse matinée de printemps. Elle était si parfaite que je me suis promis de consacrer la journée à me mettre en quête du passé et à retrouver un peu de mon enfance.

Avant la guerre, lors de journée pareilles, nous nous mettions sur notre 31 et allions pique-niquer avec les Tilling ou les Brampton-Boyd, les filles en robe d’été, les garçons en costume élégant. Proggett demandait à la cuisinière, qui est partie fabriquer des tanks à Tonbridge, de préparer un déjeuner froid, avec des pâtés, des cerises et des madeleines. Miam, l’odeur de ces délicieux gâteau au beurre me ramène toujours à ces moments où nous attendions avec impatience dans la cuisine d’en goûter la première bouchée pendant qu’ils refroidissaient sur les grilles après leur sortie du four. Aujourd’hui, nous avons dû nous contenter des sandwiches à la confiture qu’Elsie avait préparés à la va vite en posant toutes sortes de questions sur Henri.

Jennifer Ryan, La Chorale des dames de Chilbury, 2018

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