Le Vin d'oranges de COLETTE (24/12/2005)

Etudiante, j'ai choisi d'écrire mon mémoire de maîtrise sur "Le Sensible gourmand dans l'oeuvre de Colette". Avantage decolfum la chose : durant un an, je me suis délectée de sa prose appétissante et nourricière. J'en ai gardé le souvenir de quelques recettes, notamment cet élixir de plein hiver : le vin d'oranges de Colette.

Je vous recopie l'extrait de Prisons et Paradis, d'où la recette est extraite.

LE VIN D'ORANGES

"Il date d'une année où les oranges, du côté d'Hyères, furent belles et mûries au rouge. Dans quatre litres de vin de Cavalaire, sec, jaune, je versai un litre d'Armagnac fort honnête, et mes amis de se récrier : "Quel massacre ! une eau de vie de si bon goût ! la sacrifier à un ratafia imbuvable !..." Au milieu des cris, je coupai, je noyai quatre oranges coupées en mames, un citron qui pendait le moment d'avant, au bout de sa branche, un bâton de vanille argenté comme un vieillard, six cent grammes de sucre de canne. Un bocal ventru, bouché de liège et de linge, se chargea de la macération, qui dura cinquante jours ; je n'eus plus qu'à filtrer et mettre en bouteilles.
Si c'est bon?  Rentrez seulement chez vous, parisiennes, à la fin d'un dur après-midi d'hiver ou de faux printemps, cinglé de pluie, de grêle, fouetté de soleil pointu, frissonnez des épaules, mouchez-vous, tâtez votre front, mirez votre langue, enfin geignez : " je ne sais pas ce que j'ai... "
Je le sais, moi. Vous avez besoin d'un petit verre de vin d'oranges."

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