L'heure de la pastèque (F. Mayes) (09/06/2006)

soleil_toscaneEn devenant blogueuse, j'ai découvert un autre monde. Un monde où se croisent et s'entremêlent toutes sortes de gens. Partie d'un blog culinaire, j'ai découvert par le biais de mes visiteurs les blogs littéraires. Et c'est ainsi qu'Agapanthe l'autre jour m'affirmait dans un de ses commentaires, concernant mon extrait de Donna LEON, "As-tu lu Belle Italia de Frances Mayes, cela n'a rien d'un policier et oh surprise cela se passe en Italie. Je suis sûre que tu vas saliver pendant tout le livre."

Pouvais-je résister à une telle invitation ? je me suis ruée en librairie pour y acheter les deux livres de Frances MAYES : Sous le Soleil de Toscane et Bella Italia (il m'arrive d'être disciplinée et de lire les choses dans l'ordre chronologique...). Agapanthe n'avait pas menti : je me suis régalée avec Sous le Soleil de Toscane, sous-titré "une maison en Italie". A la manière d' Un Eté en Provence de Peter MAYLE, mais avec plus de subtilité, de diversité et, oserai-je, de "littérarité" (!). J'aurais pu recopier des passages entiers de repas, de recettes (il y en a plein !), de descriptions savoureuses; j'ai choisi de m'arrêter sur un fruit ô combien apprécié en cette saison chaude : la pastèque. Voici donc :

L'HEURE DE LA PASTEQUE

L'heure de la pastèque - mon moment favori de l'après-midi. On peut défendre que rien au monde n'est aussi goûteux qu'une pastèque, et je dois reconnaître que celles de Toscane ont une saveur comparable aux Sugar babies que nous cueillions tout chauds, lorsque j'étais enfant, dans les champs de la Géorgie du Sud. Je n'ai jamais su les choisir au bruit. Mûres ou pas mûres, les pastèques ne sonnent pour moi ni creux ni plein, le bruit est simplement le même à mes oreilles. Toutes celles que je coupe, cependant, me paraissent un sommet de douceur croquante, d'audace sucrée. Lorsque nous en dégustons une avec les ouvriers, je remarque qu'ils mangent même la pellicule blanche. Quand ils finissent, leurs tranches ne sont plus qu'une feuille de peau molle. Assise sur la murette, le soleil dans les yeux, avec mon quartier de pastèque, j'ai sept ans de nouveau, plus rien n'a d'importance que la force avec laquelle je presse les graines entre mes doigts pour les lancer devant moi, et les dessins que je trace à la cuiller dans la chair juteuse.

Frances MAYES, Sous le Soleil de Toscane, 1996.

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